(Kaboul) Une campagne de vaccination des enfants contre la polio a été lancée lundi en Afghanistan, la première sous les talibans qui y étaient plutôt opposés avant de revenir au pouvoir, a indiqué un responsable gouvernemental.

Initiée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’UNICEF, elle doit durer quatre jours et vise à immuniser 10 millions d’enfants de moins de 5 ans, dont 4 millions vivant dans des régions auparavant inaccessibles à cause des violences.

« Cette fois, nous espérons atteindre des zones que l’on ne pouvait pas atteindre lors des campagnes de vaccination précédentes. C’est toujours difficile, mais nous sommes optimistes », a expliqué le docteur Gula Khan Ayub, directeur national chargé de l’immunisation.  

« Nous avons le soutien total des dirigeants talibans cette fois-ci. Les vaccinatrices sont également autorisées de travailler aux côtés de leurs collègues masculins », a-t-il souligné.

Il s’agit d’un changement radical de position des talibans : revenus au pouvoir en août dernier, ils étaient parfois férocement opposés à la vaccination avant, lorsqu’ils combattaient le gouvernement pro-occidental.

Certains interdisaient alors aux autorités de mener des campagnes de vaccination avec du porte-à-porte dans les zones sous leur contrôle, y voyant un complot occidental visant à stériliser les enfants musulmans.

Aucune campagne nationale n’a pu être menée depuis trois ans en Afghanistan, en raison de ces oppositions et des combats dans certains territoires dont le contrôle échappait au gouvernement.

Après le retour au pouvoir des talibans, des discussions entre les talibans et l’ONU ont permis la mise en place de cette campagne, « un pas extrêmement important » s’était réjouit l’OMS en octobre.

Un accord a également été trouvé pour une autre campagne de vaccination en décembre, qui débutera en même temps qu’une opération du même genre au Pakistan voisin.

L’Afghanistan et le Pakistan sont les deux seuls pays au monde où la poliomyélite, une maladie très contagieuse qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles, reste endémique, notamment en raison de la méfiance envers la vaccination.