(Moscou) Le président russe Vladimir Poutine s’est inquiété vendredi des ambitions et des forces du groupe djihadiste État islamique en Afghanistan, à quelques jours de réunions diplomatiques à Moscou sur l’état du pays, notamment avec les talibans.

La Russie accueillera le 20 octobre à Moscou une délégation des nouveaux maîtres de Kaboul. La veille, elle tentera d’arriver à une position commune sur le dossier afghan avec la Chine, le Pakistan et les États-Unis.

M. Poutine a relevé vendredi qu’une multitude de groupes « extrémistes et terroristes » étaient actifs dans le Nord afghan, y compris l’EI, Al-Qaïda et le Mouvement islamique d’Ouzbékistan.

« Selon nos informations, le nombre de combattants de l’EI est d’environ 2000. Leurs chefs préparent des plans pour étendre leur influence dans les pays d’Asie centrale et des régions russes en attisant les conflits ethnoconfessionnels et la haine religieuse », a-t-il dit, lors d’un sommet virtuel des pays de la CEI, organisation de pays ex-soviétiques.

L’État islamique au Khorasan (EI-K), le groupe islamiste armé le plus radical d’Afghanistan, a revendiqué une série d’attentats destinés à déstabiliser « l’émirat » proclamé par les talibans.

La Russie s’inquiète de l’escalade des attaques, craignant que toute la zone située sur son flanc sud puisse être déstabilisée.

M. Poutine a exprimé sa préoccupation une première fois cette semaine, relevant que des djihadistes endurcis arrivaient de Syrie et d’Irak. Puis, la diplomatie russe s’est interrogée sur la capacité des talibans à vaincre ces groupes armés.  

Moscou considère les talibans comme une organisation extrémiste, mais entretient des relations avec eux depuis de longues années.  

Leurs émissaires doivent participer à une première réunion internationale en Russie le 20 octobre. Des représentants de la Chine, de l’Iran, du Pakistan et de l’Inde sont également attendus.

Par ailleurs, Moscou accueillera le 19 octobre une réunion de la « Troïka élargie sur le règlement pacifique en Afghanistan » qui regroupe la Russie, les États-Unis, la Chine et le Pakistan.

« Nous essayerons d’aboutir à une position commune concernant la situation changeante en Afghanistan », a expliqué l’émissaire du Kremlin pour ce dossier, Zamir Kaboulov.

Ce dernier n’attend aucune « percée » à l’issue de la rencontre avec les talibans, mais la Russie va « exposer clairement ses requêtes à la délégation afghane ».   

Les Russes souhaitent évoquer l’ouverture du gouvernement à d’autres forces pour faciliter la réconciliation, la lutte contre les groupes djihadistes, le respect des droits humains ou encore l’aide humanitaire.   

Vingt ans après avoir été chassés par les États-Unis, les talibans ont fait un retour spectaculaire aux commandes du pays en août, dans la foulée du retrait militaire américain.

L’URSS a occupé l’Afghanistan pendant 10 ans jusqu’à son retrait en 1989, au terme d’une guerre sanglante.