(Washington) La majorité des Afghans qui ont travaillé avec Washington et voulaient fuir aux États-Unis n’ont pas pu être évacués d’Afghanistan, a estimé mercredi un responsable américain qui a décrit des diplomates « hantés » par les choix qu’ils ont dû faire lors du pont aérien de Kaboul.

Cela pourrait concerner, avec leur famille immédiate, des dizaines de milliers de personnes.

« Je dirais que c’est la majorité d’entre eux, sur la base de témoignages concernant les personnes que nous avons pu soutenir », a dit ce haut responsable de la diplomatie américaine, en première ligne de la gigantesque opération d’évacuation qui a pris fin lundi avec le retrait définitif des États-Unis.

« Nous entendons pleinement continuer », et « faire tout notre possible dans les prochaines semaines et les prochains mois pour tenir cet engagement d’aider ceux qui veulent quitter l’Afghanistan », a-t-il assuré à des journalistes, sous couvert de l’anonymat.

L’évacuation a permis de faire partir 123 000 personnes depuis le 14 août, à la veille de l’arrivée à Kaboul des talibans.  

Le département d’État n’a pas été en mesure de dire combien d’entre elles étaient des Afghans candidats aux visas spéciaux d’immigration promis aux interprètes et autres auxiliaires de l’armée ou de la diplomatie américaine, menacés de représailles de la part des ex-insurgés désormais au pouvoir.

Leur nombre global lui-même reste vague.

100 000 demandes

Début août, la Maison-Blanche avait rapporté qu’environ 20 000 Afghans ayant travaillé pour les Américains avaient demandé à être accueillis aux États-Unis, c’est-à-dire quelque 100 000 personnes avec les membres de leurs familles. Mais d’autres estimations encore plus élevées circulent.

« Tous ceux qui ont vécu » l’évacuation « sont hantés par les choix que nous avons dû faire, et par les gens que nous n’avons pas pu aider à partir dans cette première phase de l’opération », a raconté le diplomate américain.

« Cela a impliqué des compromis et des choix vraiment douloureux », « pour moi qui tentais de communiquer nos priorités les jours où nous avions un système efficace avec les talibans pour faciliter l’accès de bus », « pour les agents consulaires américains qui, héroïquement, étaient aux points d’accès avec les Marines ou les militaires américains et de l’OTAN pour tenter d’identifier les gens dans la foule, ou encore pour ceux qui sortaient et marchaient au milieu d’Afghans à la recherche de personnes tenant un passeport américain, une carte verte américaine ».

Ce responsable a décrit une situation « difficile », avec des foules d’Afghans massés aux entrées de l’aéroport de Kaboul menaçant de « virer à l’émeute à tout moment ».