(Beyrouth) Amnistie internationale a réclamé une enquête jeudi à la suite de la publication récente d’une vidéo de l’armée égyptienne montrant des soldats soupçonnés par l’organisation de défense des droits humains de pratiquer des « exécutions extrajudiciaires ».

La vidéo publiée le 1er août sur le compte Facebook de l’armée égyptienne annonce l’élimination par les troupes égyptiennes de 89 djihadistes présumés au Nord-Sinaï, où sévit depuis plusieurs années une rébellion islamiste.

Dans la vidéo, des images de cadavres floutés apparaissent et des soldats égyptiens utilisent leurs armes au cours d’une opération. Selon Amnistie, les images montrent « des soldats tirant à bout portant sur une personne dormant dans une tente ».

« Le parquet égyptien doit enquêter de façon urgente sur ce qui semble être des exécutions extrajudiciaires par des militaires au Nord-Sinaï », a estimé jeudi dans un communiqué Amnistie, qui dit avoir procédé à une analyse des images.

Selon Philip Luther, responsable d’Amnistie pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord cité dans le communiqué, « les images profondément dérangeantes dans cette vidéo égyptienne de propagande […] lèvent le voile sur les crimes choquants commis en Égypte au nom de la lutte contre le terrorisme ».

M. Luther estime que la justice égyptienne devrait « immédiatement lancer une enquête efficace, impartiale et indépendante » sur le contenu de la vidéo.

Parmi les armes utilisées, Amnistie cite le fusil d’assaut de fabrication américaine M4 et appelle « la communauté internationale, dont les États-Unis et les membres de l’Union européenne à cesser de façon urgente tout transfert d’armes » en cas de risque de violation des droits humains.

Depuis des années, les forces égyptiennes s’efforcent de mettre fin à la présence des groupes extrémistes dans le nord de la péninsule du Sinaï, principalement de la branche locale du groupe État islamique (EI).

Depuis février 2018, l’armée mène une opération d’envergure contre les djihadistes, principalement dans le nord du Sinaï et le désert occidental.

Environ 1060 djihadistes et des dizaines de membres des forces de sécurité ont été tués dans le Sinaï, selon les chiffres officiels.   

Mais aucun bilan de source indépendante n’est disponible, et le Nord-Sinaï est interdit aux journalistes.