(Berlin) L’Allemagne, l’une des puissances occidentales les plus engagées en Afghanistan, a annoncé mardi soir que toutes ses troupes avaient quitté le pays dans le cadre du retrait accéléré des contingents de l’OTAN, dont celui des États-Unis, déjà largement effectif.

« Après presque 20 ans de déploiement, les derniers soldats de notre Bundeswehr ont quitté l’Afghanistan ce soir. Ils sont maintenant sur le chemin du retour », a annoncé la ministre de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer dans un communiqué.

« Un chapitre historique s’achève, un déploiement intensif qui a mis la Bundeswehr au défi et l’a façonnée, au cours duquel la Bundeswehr a fait ses preuves au combat », a-t-elle ajouté.

L’Allemagne était avec les États-Unis, la Turquie, le Royaume-Uni et l’Italie, l’un des cinq pays les plus engagés en Afghanistan au sein de la mission « Resolute Support ».

PHOTO FARSHAD USYAN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Dans cette photo prise le 27 novembre 2019, des soldats allemands travaillent sur un véhicule militaire à la base militaire de l’OTAN Camp Marmal à la périphérie de Mazâr-e Charîf. Le ministère allemand de la Défense a annoncé le 29 juin 2021 la fin de la mission en Afghanistan et que leurs soldats sont sur le chemin du retour.

Ces pays ont déployé 6000 des 9592 militaires engagés par 36 pays membres de l’OTAN et partenaires de l’alliance dans l’opération.  

« Resolute Support » était une mission de formation des forces afghanes afin de leur permettre d’assurer la sécurité de leur pays après le départ des forces étrangères.

Après 20 ans de présence, l’OTAN avait annoncé le 29 avril le début du retrait de ses troupes qui ouvre une période d’immense incertitude pour l’Afghanistan, toujours en proie aux violences.

D’autres contingents moins importants, comme ceux de l’Espagne, l’Estonie, du Danemark, ont déjà quitté le pays.

Selon la Bundeswehr, 59 soldats allemands ont été tués au cours de l’opération militaire débutée en 2001.

Les derniers soldats ont été transportés par quatre avions militaires depuis le camp de Marmal à Mazâr-e Charîf. Il s’agissait de deux avions de transport allemands A400 M et de deux avions américains C17.

Poursuivre le « soutien »

Le président des États-Unis Joe Biden a fixé comme date butoir au retrait américain le 11 septembre, date du 20e anniversaire des attentats ayant conduit Washington à renverser le régime des talibans qui abritait les djihadistes d’Al-Qaïda.

Le retrait a été jusqu’ici mené tambour battant, alimentant les spéculations sur son achèvement dès juillet.

Interrogée mardi par l’AFP, l’OTAN a indiqué que « le retrait de (ses) forces se déroule de manière ordonnée et coordonnée », sans plus de précision sur le calendrier.

« Pendant que nous réduisons notre présence militaire, nous continuerons à soutenir l’Afghanistan, en assurant la formation et le soutien financier des forces de sécurité et des institutions afghanes, en maintenant une présence diplomatique à Kaboul et en finançant le fonctionnement de l’aéroport international », a ajouté une source de l’alliance.

Le Pentagone n’a de son côté pas commenté cette annonce allemande.

Jusqu’au début du retrait en mai, le contingent allemand comptait encore quelque 1100 soldats.

Situation sécuritaire dégradée

En Afghanistan, la situation sécuritaire s’est largement dégradée depuis plusieurs semaines.

Nombre d’experts redoutent que les insurgés talibans reprennent le contrôle du pays et imposent un régime fondamentaliste proche de celui qu’ils avaient mis en place entre 1996 et 2001.

Des combats font rage depuis plusieurs jours dans la province de Kunduz entre forces gouvernementales et talibans.

Depuis début mai, les talibans ont lancé plusieurs offensives de taille dans les zones rurales et ont repris le contrôle de nombreux districts afghans.

Certains observateurs redoutent qu’ils puissent s’emparer à nouveau de la capitale Kaboul après le départ des derniers soldats occidentaux. La question du sort des milliers d’Afghans ayant travaillé auprès des forces internationales comme interprètes est également épineuse.

Face à ces incertitudes, M. Biden a assuré la semaine dernière à son homologue afghan Ashraf Ghani le « soutien » de son pays.

Les États-Unis ont déjà annoncé préparer l’évacuation de leurs interprètes afghans.

Plus de 18 000 Afghans et 45 000 membres de leur famille proche ont déjà obtenu des visas et immigré aux États-Unis, dans le cadre d’un programme pour les interprètes, les membres d’opérations spéciales et ceux ayant pris des risques en travaillant avec les Américains.

Mais 18 000 demandes supplémentaires sont encore à l’étude.