(Bagdad) Un haut responsable du Hachd al-Chaabi, une coalition paramilitaire pro-Iran intégrée à l’État irakien, a été arrêté mercredi, car suspecté d’avoir ordonné l’assassinat au début du mois du coordinateur de manifestations antipouvoir à Kerbala, a affirmé à l’AFP une source sécuritaire.

Le porte-parole et d’autres sources au sein du Hachd ont toutefois assuré dans la soirée que le responsable avait été libéré, ce qui n’a pas été confirmé de source gouvernementale.  

« Les services de renseignements de la police ont arrêté à l’aube à Bagdad Qassem Muslah, chef des opérations du Hachd al-Chaabi dans la région d’Anbar (sud) qui avait donné l’ordre d’assassiner Ehab al-Ouazni, le 9 mai, et un autre militant, Fahim al-Taïe, en décembre 2019 », avait assuré plus tôt la source sécuritaire.  

Ouazni dénonçait depuis plusieurs années les groupes armés et la mainmise de l’Iran sur son pays. Il a été abattu devant son domicile à Kerbala, dans le sud du pays.

Ce meurtre a provoqué une onde de choc en Irak. Depuis le début de la révolte populaire inédite d’octobre 2019, plus de 70 militants ont été victimes d’assassinats ou de tentatives d’assassinat, tandis que des dizaines d’autres ont été enlevés brièvement.

Si personne ne revendique ces attaques, les militants prodémocratie sont convaincus que les tueurs sont connus des services de sécurité, mais ne sont pas en prison — malgré les promesses du gouvernement — par peur de l’Iran, le puissant voisin agissant en Irak.

Aussitôt après l’arrestation de Qassem Muslah, les forces de sécurité ont fermé la « zone verte » de la capitale, secteur ultra-protégé où se trouvent d’importants ministères, des ambassades occidentales et où vivent de hauts responsables irakiens, a indiqué une source sécuritaire.

Le Hachd al-Chaabi avait publié un communiqué menaçant, promettant que Qassem Muslah « serait libéré dans les heures à venir ». Ses miliciens armés avec leurs véhicules blindés ont pris position sur « le pont du 14 juillet », une des principales entrées vers la « zone verte », ont indiqué des témoins.

La représentante de l’ONU en Irak, Jeanine Hennis-Plasschaert, a critiqué sévèrement cette démonstration de force qui « affaiblit l’État irakien et érode la confiance de la population. Les institutions de l’État doivent être respectées et personne n’est au-dessus des lois ».

Mardi, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Bagdad à la mémoire de militants prodémocratie récemment assassinés, avant que n’éclatent des échauffourées au cours desquelles deux manifestants ont été tués.