(Washington) Les États-Unis ont ordonné mardi le départ du personnel non essentiel de leur ambassade à Kaboul, en Afghanistan, mettant en avant des menaces accrues au moment où l’armée américaine se prépare à quitter le pays après 20 ans de guerre.

Le département d’État a indiqué avoir « ordonné le départ de l’ambassade des États-Unis à Kaboul des employés du gouvernement américain pouvant assurer leur fonction ailleurs ».

La décision a été prise « à la lumière de la hausse des violences et menaces à Kaboul », a affirmé Ross Wilson, l’ambassadeur des États-Unis par intérim dans la capitale afghane.

Il a estimé que l’ordre ne concernerait qu’un « nombre relativement faible » d’employés, qu’il n’a pas précisé, et que l’ambassade continuerait de fonctionner.

« Le personnel absolument nécessaire aux questions relatives au retrait des forces américaines et au travail vital que nous effectuons pour soutenir le peuple afghan sera autorisé à rester sur place », a tweeté M. Wilson.

Le département d’État, qui a de nouveau déconseillé aux ressortissants américains de se rendre en Afghanistan, a indiqué que « des groupes terroristes et insurgés continuent de prévoir et d’exécuter des attaques » dans le pays.

Le gouvernement américain prévoit le retrait de toutes les troupes américaines d’Afghanistan d’ici au 11 septembre, le jour du 20e anniversaire des attentats de 2001, qui avaient conduit Washington à renverser le régime des talibans.

Le président Joe Biden a estimé que les forces américaines avaient atteint leurs objectifs, mais de nombreux analystes considèrent que ce retrait pourrait plonger l’Afghanistan dans une nouvelle guerre civile ou permettre le retour au pouvoir des talibans.

Interrogé à ce sujet mardi par les élus du Congrès, l’architecte de l’accord bilatéral entre les talibans et l’administration de Donald Trump, Zalmay Khalilzad, s’est montré optimiste.

« Personnellement, je ne pense pas qu’il va y avoir un effondrement rapide » du gouvernement de Kaboul, a-t-il dit devant la commission des Affaires étrangères du Sénat.

Il a par ailleurs attribué à la fois au gouvernement afghan et aux talibans la responsabilité du blocage des négociations de paix interafghanes.

« Je pense que le choix auquel les Afghans font face est celui entre un règlement politique négocié et une longue guerre », a-t-il dit, soulignant qu’il revient à tous les dirigeants afghans de faire ce choix « dans l’intérêt des futures générations afghanes ».

« L’Histoire a montré que les efforts d’une partie pour imposer sa volonté à l’autre n’ont pas produit de résultats » en Afghanistan, a souligné cet ancien ambassadeur des États-Unis à Kaboul, qui a conseillé plusieurs présidents, démocrates comme républicains, sur l’Afghanistan.

« J’espère qu’ils tireront les leçons du passé […]. L’opportunité est là. Notre soutien est là. Le soutien du reste de la communauté internationale est largement là », a-t-il ajouté, notant que tous les pays voisins de l’Afghanistan se sont publiquement exprimés contre une prise de pouvoir des talibans par les armes.

« Ils risquent l’isolement, l’opposition de la région, des sanctions, l’opprobre international », a-t-il dit.

Alors que plusieurs sénateurs s’inquiétaient du sort des femmes afghanes en cas de prise de pouvoir par les insurgés, M. Khalilzad a rappelé que l’aide sécuritaire et financière promise par les États-Unis à l’Afghanistan après le retrait des forces étrangères était conditionnée au respect des droits de la personne.

« Les talibans disent qu’ils ne veulent pas être des parias », a-t-il noté. « Ce que nous leur avons dit, c’est que s’ils veulent l’aide des États-Unis, s’ils veulent être acceptés par la communauté internationale […], ces choses dépendent de la façon dont ils traitent leurs propres citoyens et surtout les femmes d’Afghanistan, les enfants et les minorités. »