(Jérusalem) Israël, l’un des pays ayant recensé le plus fort taux de contamination au coronavirus ces deux dernières semaines, s’est reconfiné vendredi, au premier jour de la saison des fêtes juives, provoquant le mécontentement d’une grande partie de la population.

« Le système de santé a levé le drapeau rouge », a déclaré le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, pour justifier ce confinement généralisé de trois semaines, entré en vigueur à 14 h (7 h HAE). Il coïncide avec les fêtes juives de Rosh Hashana (Nouvel An, célébré ce weekend), Yom Kippour (jour du pardon) et Souccot (fêtes des cabanes).

Les autorités avaient d’abord imposé, début septembre, un confinement partiel dans les secteurs avec les taux d’infection les plus élevés, en grande majorité des localités juives ultra-orthodoxes ou arabes israéliennes.

Mais le pays, qui s’était vanté de sa gestion de la pandémie au printemps, est désormais au coude-à-coude avec Bahreïn en tête du classement des pays ayant récemment recensé le plus fort taux de contamination.

Entre jeudi soir et vendredi midi, le ministre de la Santé a enregistré 5238 nouveaux cas, un record.

Face aux préoccupations sanitaires, le ministère des Finances avait de son côté alerté sur l’impact désastreux qu’un nouveau confinement aurait sur l’économie nationale, alors que le taux de chômage a bondi ces derniers mois.

« Nous avons tout fait pour tenter de trouver un équilibre entre les besoins de santé et les besoins économiques, mais nous sommes témoins d’une hausse inquiétante des contaminations et du nombre de malades graves ces deux derniers jours », a affirmé M. Nétanyahou jeudi soir.

Coup de massue

Au moment où il s’exprimait, des centaines de manifestants, masques sanitaires sur le visage, étaient réunis à Tel Aviv pour protester contre les nouvelles mesures.

« Une épidémie de mensonges ! », pouvait-on lire sur une pancarte. « Le confinement est injustifié », a lancé Tamir Hefetz, organisateur de la manifestation : « Il nuit à la population et à l’économie, engendre du chômage et des suicides ».

« On ne ferme pas un pays de cette façon », titre vendredi le Yediot Aharonot, quotidien le plus vendu en Israël, qui publie de multiples entretiens de médecins, économistes, éducateurs, tous opposés au reconfinement.

M. Nétanyahou a précisé qu’il n’hésiterait pas, si nécessaire, à durcir les restrictions perçues comme un coup de massue par une partie de la population.

L’État ne s’attend pas à ce que les citoyens respectent le confinement autant qu’au mois de mars, écrit Amos Harel dans le quotidien Haaretz.  

« Au début de la crise, la panique était à son comble. Six mois plus tard, les choses semblent légèrement différentes », estime le journaliste, qui pointe du doigt le « manque de pertinence des décisions du gouvernement : les instructions sont compliquées, souvent contradictoires et constamment modifiées ».  

Jeudi soir, soit quelques heures avant l’entrée en vigueur du confinement, le gouvernement a finalement autorisé les déplacements jusqu’à un kilomètre du domicile, contre les 500 mètres annoncés initialement, et 100 mètres au printemps.

Les Israéliens ne pourront sortir que pour aller au marché, à la pharmacie ou au travail, s’il s’agit d’une profession jugée essentielle.

Des exceptions sont prévues, comme pour se rendre à des « funérailles ou à une circoncision », a précisé le ministère de la Santé, qui a aussi imposé des restrictions sur les lieux de culte.

Les synagogues sont en général remplies lors des deux jours de Rosh Hashana et surtout de Yom Kippour, mais cette année, les fidèles pourront prier dans les synagogues en fonction de la taille de l’édifice.

Pour la première fois de son histoire, la grande synagogue de Jérusalem n’accueillera pas les célébrations du Nouvel An juif.

Les juifs ultra-orthodoxes ont prévu des manifestations dimanche soir pour protester contre l’« injustice » faite selon eux à leur égard, en raison des restrictions sur les lieux de prières et alors que les manifestations restent autorisées.