(Paris) Vladimir Poutine et Emmanuel Macron se sont inquiétés vendredi du risque d’« escalade » et Paris a appelé l’Iran à éviter « une grave crise de prolifération nucléaire », après l’élimination du général iranien Qassem Soleimani dans un raid américain.

« La France appelle chacun à la retenue et l’Iran à éviter toute mesure susceptible d’aggraver l’instabilité régionale ou de conduire à une grave crise de prolifération nucléaire », a déclaré dans un communiqué le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

Auparavant MM. Poutine et Macron s’étaient inquiétés, dans un entretien téléphonique, du risque de « sérieusement aggraver la situation » au Proche-Orient et de « nouvelle escalade dangereuse des tensions » après la mort du puissant général iranien à Bagdad.

« Il a été constaté que cette action peut sérieusement aggraver la situation dans la région », a noté le Kremlin dans un communiqué, précisant que les présidents russe et français avaient tous deux exprimé leur « préoccupation » après la mort du général iranien.

Emmanuel Macron va rester en « contact étroit » avec son homologue russe sur la situation en Irak pour « éviter une nouvelle escalade dangereuse des tensions », appelant « toutes les parties à la retenue », a relevé dans le même temps l’Élysée.

Au cours de cet entretien téléphonique, le président français « a souligné la nécessité que les garants de l’accord de 2015 (sur le nucléaire iranien, NDLR) restent étroitement coordonnés pour appeler l’Iran à revenir rapidement au plein respect de ses obligations nucléaires et à s’abstenir de toute provocation ».  

MM. Macron et Le Drian « s’entretiendront dans les prochaines heures avec l’ensemble de leurs partenaires régionaux et internationaux » à ce sujet, selon le Quai d’Orsay.

Le chef de l’État s’est ainsi entretenu dans l’après-midi au téléphone avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, a fait savoir l’Élysée. Les deux chefs d’État « ont exprimé leur préoccupation commune face à la montée des tensions au Moyen-Orient » et ont souligné « la nécessité d’éviter une escalade dangereuse », précise le communiqué.

« Une brutale escalade »

M. Le Drian, qui s’est entretenu au téléphone avec le secrétaire d’État Mike Pompeo, a lui aussi souligné « la préoccupation de la France à l’égard de la montée des tensions ces derniers mois au Moyen-Orient, qui ont connu une brutale escalade en Irak au cours des dernières semaines ».

M. Pompeo de son côté a estimé que la France avait « tort » de dire que le monde était « plus dangereux », après que la secrétaire d’État aux Affaires européennes Amélie de Montchalin a déclaré sur la radio RTL que l’on se réveillait « dans un monde plus dangereux » en raison des risques d’« escalade militaire » au Moyen-Orient.

« Les Français ont simplement tort sur ce point » et « le monde est beaucoup plus sûr aujourd’hui », a-t-il assuré sur la chaîne de télévision CNN.

En fin de journée, M. Le Drian a précisé avoir aussi parlé avec ses homologues saoudien et britannique, ainsi qu’avec Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère.  

« J’ai constaté une grande convergence de vues avec mes interlocuteurs pour consacrer tous les efforts nécessaires à éviter désormais une aggravation supplémentaire des tensions », a déclaré le chef de la diplomatie française dans un communiqué.

L’Iran et ses alliés ont promis de venger l’assassinat du puissant général Qassem Soleimani, tué vendredi dans une attaque de drone des États-Unis à Bagdad, ce qui fait craindre un conflit ouvert entre les deux pays ennemis.

Le président français a pour sa part « rappelé l’attachement de la France à la souveraineté et à la sécurité de l’Irak et à la stabilité de la région », selon l’Élysée.

Il « a insisté sur la priorité qui demeure la lutte contre le terrorisme islamiste et réaffirmé son plein engagement dans la coalition internationale contre Daech », l’acronyme arabe du groupe État islamique.

Dans son entretien avec M. Poutine, le président français s’est également inquiété du « risque d’escalade » en Libye « lié au renforcement des interférences militaires étrangères », au lendemain du feu vert donné par le parlement turc à un déploiement de l’armée en Libye.