(Téhéran) Téhéran reste « ouvert » à la négociation après l’échec d’une tentative française visant à rapprocher Américains et Iraniens en marge de l’assemblée générale de l’ONU à New York, a déclaré mercredi le président iranien Hassan Rohani.

L’Iran était prêt à « avoir une négociation fructueuse », a déclaré M. Rohani en revenant sur les 48 heures d’efforts diplomatiques déployés à New York les 23 et 24 septembre par son homologue français Emmanuel Macron, qui cherche à instaurer un dialogue direct entre M. Rohani et le président américain Donald Trump.

« De mon point de vue, le chemin (du dialogue) reste ouvert », a déclaré M. Rohani en conseil des ministres.

« Je voudrais remercier le président français. Il a fait de son mieux pendant ces 48 heures, et en particulier pendant (les) 24 (dernières) heures » de son séjour à New York, a ajouté M. Rohani, dans cette allocution retransmise par la télévision d’État.

La France, a dit le président iranien, avait préparé un plan « qui aurait pu être acceptable, d’une certaine façon », et « si quelqu’un a empêché (les efforts français) d’aboutir, c’est la Maison-Blanche et personne d’autres ».

En plein « pic […] des négociations diplomatiques, le président américain, par deux fois » en 24 heures « a clairement annoncé que (les États-Unis voulaient) intensifier les sanctions contre l’Iran », a dit M. Rohani.

« J’ai dit à nos amis européens : c’est bien, mais que devons-nous croire ? Devons-nous croire ce que vous dites, à savoir que l’Amérique est prête (à lever les sanctions) ou ce que dit le président des États-Unis ? », a encore déclaré le président iranien, jugeant en substance que la confiance manquait pour permettre une rencontre.

À aucun moment de son discours, M. Rohani n’a indiqué avoir envisagé un entretien direct avec M. Trump, que ce soit en tête-à-tête ou par téléphone.

Tensions

Selon une source diplomatique française, M. Macron était parvenu à convaincre M. Trump d’appeler M. Rohani le 24 septembre via une ligne sécurisée installée spécialement par la délégation française à New York – avec l’accord des deux parties – entre l’hôtel Lotte, où se trouvait le président américain, et le Millennium, où résidait la délégation iranienne, mais M. Rohani a finalement refusé de prendre l’appel.

Début septembre, ce dernier avait déclaré que l’Iran excluait par principe l’idée de « négociations bilatérales avec les États-Unis ».

Il avait néanmoins ouvert la porte à des discussions avec Washington, « comme par le passé » sur les questions nucléaires, dans le cadre du format « 5 + 1 », si les États-Unis lèvent leurs sanctions.

Ce format englobe Chine, Grande-Bretagne, États-Unis, France et Allemagne, soit les six pays ayant négocié avec Téhéran l’accord sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015.

Téhéran et Washington sont à couteaux tirés depuis le retrait unilatéral des États-Unis de cet accord en mai 2018, suivi du rétablissement de lourdes sanctions économiques contre l’Iran.

Les deux pays ont frôlé une confrontation directe en juin sur fond d’escalade militaire dans le Golfe. L’attaque d’installations pétrolières saoudiennes par des missiles le 14 septembre, dont Washington et les Européens rendent l’Iran responsable, a encore accru la tension.

Depuis mai, l’Iran a arrêté d’appliquer certains de ses engagements pris à Vienne afin de forcer les Européens à l’aider à contourner les sanctions américaines, et notamment à exporter son pétrole.

Téhéran a annoncé qu’il réduirait un peu plus ses engagements début novembre si les efforts des Européens ne portent aucun fruit.

« La réduction des engagements […] doit continuer jusqu’à ce que nous atteignions le résultat voulu », a déclaré mercredi le guide suprême Ali Khamenei.