(Jérusalem) Les autorités israéliennes ont approuvé en octobre la construction de 2342 nouveaux logements dans des colonies israéliennes en Territoires palestiniens occupés, en plein essor depuis l’arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump, allié clé du premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Le Haut comité de planification de l’Autorité civile israélienne a donné son aval à la construction de ces logements lors d’une rencontre le 10 octobre, mais les détails n’avaient pas filtré jusque-là, a indiqué jeudi dans un communiqué l’organisation israélienne Peace Now, qui a pu consulter le compte-rendu de cette réunion.

Les autorités ont notamment approuvé la construction de 182 unités dans l’ancienne colonie sauvage de Mevoot Yericho, près de Jéricho en Cisjordanie, qui avait été légalisée – dans le droit israélien – par le gouvernement de M. Nétanyahou, deux jours avant les élections législatives de septembre.

Le premier ministre – dont la survie politique est menacée après des élections n’ayant pas fait de vainqueur clair et qui courtisait l’électorat des colonies israéliennes lors de ce scrutin – avait promis d’annexer l’essentiel de la vallée du Jourdain s’il était reconduit dans ses fonctions.

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Benyamin Nétanyahou de passage dans la colonie de de Mevoot Yericho.

Les autorités israéliennes ont aussi donné le feu vert à la construction de 382 unités de logement à Dolev, une autre colonie en Cisjordanie occupée, validant ainsi une annonce faite sur place par M. Nétanyahou après le meurtre en août d’une jeune Israélienne dans une attaque à la bombe artisanale.

Ces nouvelles annonces portent ainsi à 8337 le nombre d’unités de logement approuvées dans les colonies israéliennes en Territoires palestiniens depuis le début de l’année, soit une augmentation de 48% en un an.

Outre ces unités, les autorités israéliennes ont approuvé plus tôt cette semaine la construction d’un tunnel routier contournant Bethléem, «ce qui devrait augmenter significativement» le nombre de colons s’installant autour de cette ville palestinienne située en banlieue de Jérusalem, en Cisjordanie occupée.

Appui de Trump

La colonisation par Israël de la Cisjordanie occupée et de Jérusalem-Est annexée s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967.

Plus de 600 000 colons israéliens sont installés sur ces territoires où vivent près de trois millions de Palestiniens.

La colonisation s’est accélérée ses dernières années sous l’impulsion du premier ministre Nétanyahou et de son allié à Washington, le président Donald Trump.

Ce dernier a infléchi sa politique régionale en faveur d’Israël, en reconnaissant Jérusalem comme capitale de l’État hébreu et en coupant des fonds destinés aux Palestiniens. Les Palestiniens espèrent établir à Jérusalem-Est la capitale de l’État auquel ils aspirent.

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Beaucoup d'affiches électorales de Benyamin Nétanyahou le montraient en compagnie de Donald Trump.

Selon les données compilées par Peace Now, le nombre d’unités de logements approuvées dans les colonies depuis que Donald Trump est président des États-Unis, a presque doublé (+90%).  

Elles sont passées en moyenne de 3635 unités par an dans les trois années précédant sa mandature à 6899 par an en moyenne depuis son arrivée à la Maison-Blanche.

M. «Nétanyahou continue de saboter la possibilité d’un accord politique avec les Palestiniens en faisant la promotion d’unités de logement dans les colonies en Cisjordanie, y compris dans des endroits qu’Israël devrait avoir à évacuer en cas d’accord futur», a commenté l’ONG.

La solution à deux États prévoit l’établissement et la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël. Or l’expansion des colonies en Territoires palestiniens rend de plus en plus incertaine une telle solution.

Le futur politique de M. Nétanyahou, défenseur des colonies, demeure toutefois en suspens après avoir échoué à former un gouvernement à l’issue des élections de septembre.

Son rival Benny Gantz, ancien chef de l’armée à la tête du parti centriste Kahol Lavan, a maintenant jusqu’au 20 novembre pour former de former un gouvernement, sans quoi le pays pourrait marcher vers une 3e élection en moins d’un an, avec à la clé de possibles nouvelles promesses pour les colons.