(Kaboul) Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo espère un accord de paix avec les talibans « avant le 1er septembre », a-t-il déclaré mardi lors d’une brève visite surprise à Kaboul, sa première en Afghanistan depuis que les États-Unis ont entamé des discussions avec les insurgés en septembre.  

« J’espère que nous aurons un accord de paix avant le 1er septembre. C’est certainement notre mission », a-t-il déclaré durant cette visite, durant laquelle il a notamment rencontré le président afghan Ashraf Ghani et le général Scott Miller, qui dirige la mission de l’OTAN en Afghanistan.

Des responsables américains ont déjà dit qu’ils espéraient un accord de paix avant la prochaine présidentielle afghane, retardée à deux reprises et qui doit se tenir en septembre.

De nouvelles discussions entre Washington et les talibans doivent démarrer le 29 juin à Doha.

Les négociations portent sur quatre points principaux : le retrait des troupes américaines, l’assurance que l’Afghanistan ne servira pas de refuge pour des groupes terroristes voulant attaquer d’autres pays, un dialogue interafghan et un cessez-le-feu permanent.

Si les deux parties semblent s’accorder sur les deux premiers points, les insurgés paraissent freiner sur les deux suivants. Ils refusent depuis toujours de discuter avec le gouvernement afghan, qualifié de « marionnette » à la solde des États-Unis.

« On est d’accord sur rien si l’on n’est pas d’accord sur tout », a récemment tweeté l’envoyé spécial américain pour la paix en Afghanistan Zalmay Khalilzad. Washington veut parvenir à « un accord de paix global » et non à « un accord sur le retrait » de ses troupes, sur lequel se focalisent les talibans, a-t-il encore ajouté.  

Washington peine à quitter l’Afghanistan, où ses troupes sont arrivées fin 2001, après les attentats du 11 septembre, chassant les talibans du pouvoir. De premières discussions ont été entamées en septembre dernier à cet effet avec les insurgés, suivies de plusieurs autres rencontres au Qatar.

La visite de Pompeo s’est déroulée dans un contexte régional brûlant, les États-Unis ayant notamment annoncé lundi de nouvelles sanctions visant cette fois-ci de hauts dirigeants d’Iran, dont le guide suprême.

Une guerre avec l’Iran pourrait avoir un impact dévastateur sur les efforts de Washington en Afghanistan, qui partage 900 kilomètres de frontières avec ce pays, selon plusieurs analystes.

L’Iran, puissance chiite qui a failli entrer en guerre contre le régime sunnite des talibans en 1998, a soutenu discrètement l’offensive américaine de 2001. Mais des responsables américains ont depuis lors accusé l’Iran de fournir aux talibans un soutien matériel, dont des missiles guidés anti-tanks.

« Les efforts des États-Unis pour négocier une sortie de la guerre en Afghanistan exploseraient en mille morceaux en cas de conflit avec l’Iran », a récemment tweeté Graeme Smith, un consultant pour l’ONG International Crisis Group.

Une guerre entre ces deux pays aurait « bien sûr » un impact sur l’Afghanistan, a déclaré à l’AFP Gulbuddin Hekmatyar, un ancien chef de guerre surnommé le « Boucher de Kaboul », lors d’une interview en marge d’une conférence au Pakistan samedi dernier.