L'Iran attend la présentation du mécanisme promis par l'Union européenne pour l'aider à vendre son pétrole malgré les sanctions américaines et n'a aucune intention de renégocier l'accord sur le nucléaire dénoncé par Washington, a déclaré lundi à Bruxelles le vice-président iranien Ali Akbar Salehi.

« Nous travaillons à la mise en place d'un mécanisme efficace et viable », a assuré le commissaire européen à l'Énergie Miguel Arias Canete au cours d'un point de presse avec M. Salehi. Ce mécanisme sera présenté dans deux semaines, a assuré à l'AFP une source européenne proche du dossier.

Venu à Bruxelles participer à un séminaire de deux jours sur le nucléaire, le vice-président iranien s'est dit confiant. « Les Européens ont des difficultés, mais ils sont en train de mettre en place un mécanisme qui va faciliter les transactions financières et les ventes de pétrole », a-t-il déclaré.

Directeur de l'organisation de l'énergie atomique d'Iran et ancien ministre des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi a été un des principaux négociateurs de l'accord sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015 entre son pays, les États-Unis, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine et la Russie.

Cet accord a pour but d'encadrer le programme nucléaire iranien. Sa contrepartie est la levée des sanctions économiques imposées à l'Iran.

« Ce n'est peut-être pas le meilleur accord souhaité par les signataires, mais je pense que c'est le seul possible », a souligné M. Salehi.

« S'il est rompu, personne n'en retirera le moindre bénéfice », a-t-il averti. Le vice-ministre iranien a salué les efforts de l'Union européenne et plaidé pour que les « mots se transforment en actes ».

Les États-Unis ont dénoncé l'accord comme insuffisant et ont réimposé unilatéralement des sanctions pour contraindre Téhéran à le renégocier. Mais aucun des autres pays signataires ne s'est rallié à Washington. Tous ont au contraire insisté sur leur volonté de permettre à l'Iran de continuer à vendre son pétrole, sa principale source de revenus.

La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini avait annoncé le 26 septembre devant les Nations unies la décision de l'UE de créer une entité pour permettre à l'Iran de continuer à vendre du pétrole après l'entrée en vigueur du second train de sanctions américaines le 4 novembre.

« Il s'agit de créer une entreprise enregistrée dans un des États membres qui permettra les transactions. Il faut la doter de capital et préciser sa gouvernance. Cela n'est pas facile et elle ne fonctionnera pas du jour au lendemain », a expliqué à l'AFP une source proche du dossier.

Tous les États membres ne sont pas dans ce projet qui se fait « sur une base volontaire » et que les non-participants ne peuvent pas bloquer.

Les Européens ont décidé de prendre leur temps pour mettre au point un mécanisme efficace et inattaquable. Ils ont laissé passer les élections du 6 novembre aux États-Unis et assurent que « ce mécanisme ne cherche pas à contourner les sanctions américaines ».

L'entité, un véhicule spécial (Special Purpose Vehicule) gérera l'argent versé pour les achats de pétrole et permettra de régler les achats iraniens dans l'UE, sur le modèle d'une chambre de compensation.

L'UE a acheté 20 % de la production de pétrole iranien en 2017, mais ses acquisitions ont chuté depuis l'entrée en vigueur des sanctions américaines. Les principaux acheteurs sont l'Espagne, l'Italie, la Grèce et la France. En 2017, les achats ont représenté 9 milliards de dollars et l'Iran a acheté pour 10 milliards de dollars de biens à l'UE, selon les données de la Commission européenne.