Le scrutin législatif dans la province de Kandahar (sud de l'Afghanistan), reporté d'une semaine pour des raisons sécuritaires, s'est déroulé samedi sans qu'aucune attaque de groupe extrémiste n'ait perturbé les opérations de vote, selon les autorités.

Plus de 500 000 électeurs étaient appelés aux urnes, au péril de leur vie, dans la plus grande province du pays, berceau des talibans.

Quelque 15 000 membres des forces de sécurité ont bouclé la ville, où le trafic routier avait été suspendu.

« Je dois voter pour un avenir meilleur pour mon pays », a déclaré Abdul Abbas, un commerçant, à l'AFP devant un centre de vote dans la capitale provinciale. « Je défie toutes les menaces d'attaques pour être là et voter ».

Majoritairement des hommes s'étaient enregistrés pour ce scrutin. Ils patientaient dans des files séparées de celles des femmes, qui portaient en grande majorité une burqa dans cette province très conservatrice.

Les dysfonctionnements enregistrés le week-end dernier lors du vote dans le reste du pays se sont répétés samedi malgré les vives critiques émises contre la Commission électorale indépendante (CEI), qui organise le scrutin.

De longues files d'électeurs se sont formées dès 7 h heure locale (22 h 30, vendredi heure de l'Est), heure prévue de l'ouverture des bureaux de vote. Mais ils ont ouvert avec deux heures de retard, contraignant les organisateurs à repousser leur fermeture.

L'absence d'assesseurs, de liste électorale, de terminaux biométriques (imposés à la dernière minute) ou de personnel sachant les manipuler avait entraîné le mêmes longues files d'attente dans tout le pays et reporté le vote d'une journée dans plus de 250 bureaux.

« Nous sommes parfaitement prêts » pour samedi, avait pourtant assuré le porte-parole adjoint de la CEI, Kobra Rezaei.

La CEI, au centre des critiques, va pouvoir publier les chiffres définitifs sur la participation nationale. Selon elle, près de 4 millions de personnes-pour 8,9 millions d'inscrits-ont voté le week-end dernier en dépit de nombreuses attaques perpétrées contre les électeurs.

Environ 300 personnes avaient été tuées ou blessées samedi dernier en marge du vote, selon un comptage de l'AFP. Un bilan quatre fois plus élevé que celui communiqué par les autorités afghanes, qui sont soupçonnées d'avoir délibérément sous-estimé les violences pour ne pas effrayer les électeurs.  

Les talibans et le groupe État islamique avaient de longue date promis des attentats le jour du vote.

Le vote à Kandahar avait été repoussé d'une semaine après l'assassinat le 18 octobre du controversé mais respecté chef provincial de la police, le général Abdul Raziq, homme fort anti-taliban considéré comme un rempart contre l'insurrection dans le sud.

Le chef des services secrets de la province et un journaliste de la télévision afghane avaient également été tués par un taliban « infiltré », engagé comme garde du corps du gouverneur de la province. Treize personnes avaient été blessées, dont un général de brigade américain.  

Le général Scott Miller, commandant en chef de l'armée américaine et de l'OTAN en Afghanistan, présent au moment de l'attaque, s'en était sorti indemne.