Le président du Paraguay Horacio Cartes a inauguré lundi à Jérusalem la nouvelle ambassade de son pays en Israël, emboîtant le pas aux États-Unis dans une démarche de rupture diplomatique qui indigne les Palestiniens.

M. Cartes et le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou ont dévoilé ensemble la plaque de la nouvelle représentation, située dans une tour d'un quartier excentré du sud de Jérusalem.

Le Paraguay est devenu le troisième pays à rompre avec le consensus international qui veut que les ambassades soient installées en dehors de Jérusalem, compte tenu du statut disputé de la ville et de la persistance du conflit israélo-palestinien.

Les États-Unis avaient transféré le 14 mai leur ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, concrétisant l'une des promesses internationales les plus controversées du président Donald Trump.

Le Guatemala avait suivi le mouvement deux jours plus tard.

« Cette décision souveraine est un évènement historique pour les liens d'amitié vigoureux qui unissent Israël et le Paraguay », a dit M. Cartes, en notant qu'elle coïncidait avec le 70e anniversaire de la création de l'État d'Israël, « que mon pays a aidé à adhérer à l'Organisation des Nations unies ».

M. Cartes s'est répandu en marques « d'admiration » pour un pays « noble et courageux ».

Sans guère retenir l'attention au Paraguay, le transfert de l'ambassade, jusqu'alors située à Herzliya près de Tel-Aviv, a cependant été critiqué comme une décision de fin de mandat destinée à plaire aux États-Unis, sur lesquels le Paraguay passe pour aligner largement sa politique.

Mais même une partie de l'opposition soutient la mesure. Le successeur de M. Cartes, Mario Abdo Benitez, du même Parti Colorado que le chef de l'État sortant, souhaite également avoir les meilleures relations avec la première puissance mondiale.

Il prendra ses fonctions le 15 août.

M. Nétanyahou a assuré que la coopération entre les deux pays se trouverait renforcée, en particulier dans les domaines de l'agriculture, la sécurité et les technologies.

« Vous n'avez pas seulement le soutien de notre gouvernement, mais la profonde gratitude du peuple israélien », a-t-il dit, « nous n'oublions pas qui sont nos amis ».

Qui après le Paraguay ?

Le Paraguay fournit déjà à Israël environ 40 % de sa viande de boeuf. Le président paraguayen a des gardes du corps israéliens.

La direction palestinienne a exprimé son indignation.

« Nous avons vu aujourd'hui quel dirigeant politique irresponsable est le président paraguayen », a réagi l'un des hauts responsables palestiniens, Saëb Erakat.

Le statut de Jérusalem est l'une des questions les plus épineuses en vue d'un règlement du conflit israélo-palestinien.

Israël s'est emparé de Jérusalem-Est en 1967 et l'a annexée. Tout Jérusalem est sa capitale « éternelle » et « indivisible », dit-il.

Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l'État auquel ils aspirent, et voient dans le transfert des ambassades la négation de leur revendication.

Pour la communauté internationale, Jérusalem-Est est un territoire occupé et les ambassades ne doivent pas s'installer à Jérusalem tant que le statut de la ville n'a pas été réglé par la négociation entre les deux parties.

L'inauguration de l'ambassade américaine à Jérusalem avait coïncidé avec de violents affrontements dans la bande de Gaza, où plus de 60 Palestiniens avaient été tués par des tirs israéliens.

Le transfert de l'ambassade américaine n'a pas pour l'instant provoqué l'effet d'entraînement espéré par Israël.

En dehors du Guatemala et du Paraguay, le Honduras, qui s'était aligné avec les États-Unis et Israël le 21 décembre lors du vote à l'ONU d'une résolution non contraignante condamnant la décision américaine, ne s'est pas encore prononcé sur l'emplacement de son ambassade, même si le Parlement a adopté une résolution pour qu'elle soit transférée à Jérusalem.