Deux Palestiniens ont péri samedi dans des raids aériens israéliens sur Gaza en riposte à des tirs de roquettes, et plus de 150 ont été blessés lors de heurts en Cisjordanie occupée, trois jours après la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël.

Le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas a enjoint les Palestiniens à «poursuivre la confrontation et à l'élargir à tous les points où l'armée israélienne est présente» dans une déclaration publiée samedi soir.

En signe de protestation contre la décision de Donald Trump, Mahmoud Abbas a décidé de ne pas recevoir le vice-président américain Mike Pence lors d'une visite prévue mi-décembre en Israël et en Cisjordanie, a indiqué à l'AFP son conseiller Majdi al-Khalidi.

Samedi, des Palestiniens sont de nouveau descendus dans les rues à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par l'armée israélienne depuis 50 ans, ainsi que dans la bande de Gaza, pour protester contre la décision américaine.

Les protestataires ont lancé des pierres sur les soldats qui ont riposté en tirant des balles en caoutchouc ou réelles et des gaz lacrymogènes, selon l'armée.

À Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, la police a dispersé des manifestants avec des grenades assourdissantes.

Selon le Croissant-Rouge, 171 Palestiniens ont été blessés samedi en Cisjordanie occupée et 60 dans la bande de Gaza, soit par des tirs, l'inhalation de gaz lacrymogène ou sous les coups des forces de sécurité.

S'ajoutent à ces blessés quatre Palestiniens tués depuis jeudi, lorsque les protestations avaient débuté.

«Réponse douloureuse»

Deux ont été tués dans des heurts vendredi et deux activistes du Hamas ont péri samedi dans des raids aériens israéliens après des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza, limitrophe d'Israël, contre le territoire israélien. Les tirs de roquettes n'ont pas fait de victimes.

L'aviation israélienne a visé des cibles «militaires» dans la bande de Gaza contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, considéré comme une organisation «terroriste» par Israël.

Samedi, un haut responsable militaire israélien, le général Yoav Mordechaï, a prévenu qu'une poursuite des tirs depuis l'enclave palestinienne provoquerait une réponse «douloureuse» de la part d'Israël.

Cet accès de violences est survenu après la décision mercredi de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël et d'y transférer à l'avenir l'ambassade américaine, un geste rompant avec des décennies de diplomatie américaine et internationale.

Jérusalem, avec ses lieux saints juifs, chrétiens et musulmans, constitue un sujet passionnel. Depuis la création d'Israël en 1948, la communauté internationale n'a jamais reconnu cette ville comme capitale. Elle considère que son «statut final» doit être négocié entre Israéliens et Palestiniens.

Après l'annexion de Jérusalem-Est, Israël a proclamé toute la ville comme sa capitale «éternelle et indivisible». L'ONU n'a jamais reconnu cette annexion alors que les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l'État auquel ils aspirent.

En solidarité avec les Palestiniens, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi dans plusieurs pays.

Sans être pour l'instant massive, la mobilisation nourrit les craintes «d'une escalade violente», selon les termes de Nickolay Mladenov, coordonnateur spécial de l'ONU pour le processus de paix.

La décision de M. Trump «ne favorise pas la perspective de paix dans la région», ont affirmé vendredi les ambassadeurs de France, Royaume-Uni, Italie, Suède et d'Allemagne à l'ONU.

Rencontres annulées

Face au tollé, l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley a assuré que les États-Unis restaient engagés dans le processus de paix israélo-palestinien, au point mort depuis 2014.

Pour les dirigeants palestiniens, la reconnaissance par M. Trump de Jérusalem comme capitale d'Israël empêche les États-Unis d'assumer leur rôle historique de médiateur dans le processus de paix.

Elle pourrait avoir un impact positif sur les relations entre le Fatah de M. Abbas et le Hamas, engagés dans une fragile réconciliation après une décennie de dissensions.

M. Abbas «tiendra bientôt une ligne plus dure concernant le processus de paix et une ligne plus souple à l'égard du Hamas», analyse Ghaith al-Omari, expert au Washington Institute of Near East Policy.

En annonçant sa décision, M. Trump a dit qu'il envoyait prochainement son vice-président Mike Pence au Proche-Orient.

Mais le grand imam d'Al-Azhar, influente institution de l'islam basée au Caire, a annulé sa rencontre avec M. Pence prévue en Égypte le 20 décembre. Le pape des coptes d'Égypte Tawadros II a aussi indiqué samedi qu'il refusait de recevoir M. Pence.

Une réunion ministérielle de la Ligue arabe a débuté en soirée au Caire pour discuter de l'annonce américaine.