Plus de quarante réfugiés somaliens, dont des femmes et des enfants, ont été tués dans une attaque au large du Yémen où le conflit a fait vendredi 26 morts parmi les soldats loyalistes visés, dans une mosquée, par des missiles rebelles.

L'embarcation, transportant quelque 140 réfugiés somaliens selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), a été touchée dans la nuit par des armes légères au large de Hodeida, dans l'ouest du Yémen, mais a réussi à accoster dans un port de la ville tenue par les rebelles chiites Houthis.

La responsabilité de l'attaque n'a pas été établie dans l'immédiat. Les rebelles Houthis ont en accusé la coalition arabe, menée par l'Arabie, qui a aussitôt démenti.

«Il n'y a eu aucun engagement de la coalition dans la zone de Hodeida», a réagi à l'AFP le général saoudien Ahmed Assiri, porte-parole de la coalition.

Il a rappelé que cette zone était sous contrôle rebelles et l'a qualifiée de «dangereuse et de lieu de trafic d'armes en l'absence de l'ONU».

«Il n'y a eu aucun tir de la coalition dans cette zone», a-t-il insisté, en récusant la version des Houthis parlant d'une attaque de l'aviation.

Abdou Jihan, un garde-côte, a indiqué à l'AFP que son service avait été informé par l'arrivée dans le port de pêche de Hodeida de l'embarcation.

«En se rendant sur place, nous y avons trouvé de nombreuses dépouilles et des blessés qu'on a transportés dans les hôpitaux», a-t-il dit.

Au total, les corps des 42 réfugiés tués ont été retirés de la barque, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM) présente au Yémen.

Dans un premier temps, un responsable local yéménite avait fait état de 33 morts et de 35 blessés.

Selon un responsable portuaire, des dizaines de survivants et trois trafiquants yéménites, ont été conduits en prison.

Itinéraire migratoire

En dépit de la guerre et de la crise humanitaire qu'il traverse, le Yémen continue d'attirer des réfugiés de la Corne de l'Afrique fuyant la misère.

Plusieurs camps de réfugiés somaliens existent dans le sud du pays mais aucun dans la région de Hodeida, située plus au nord.

À Genève, un porte-parole de l'OIM (OIM) a dit croire que l'embarcation faisait route en direction du Soudan au moment de l'attaque.

«Ce n'était pas un bateau d'évacuation de l'OIM», a déclaré à la presse Joel Millman, dont l'organisation veille généralement à obtenir les autorisations des parties en guerre pour effectuer de telles opérations.

Le bureau à Sanaa du HCR a publié une série de tweets sur l'attaque, se disant être «profondément affligé par les victimes civiles signalées lors d'un incident au large de Hodeida».

Il note que les «réfugiés et les demandeurs d'asile se tournent de plus en plus vers des itinéraires migratoires bien établis dans le nord du Yémen».

Ces itinéraires passent par la côte-ouest du Yémen, dont le secteur central est le théâtre d'une offensive gouvernementale visant à éloigner les rebelles Houthis du détroit stratégique de Bab al-Mandeb, séparant le Yémen de la Corne de l'Afrique.

Ce secteur situé au sud de Hodeida a d'ailleurs connu de violents combats durant les dernières 24 heures, ayant fait 32 morts, dont dix civils, selon des sources militaires et hospitalières.

À l'est de Sanaa, la mosquée d'un camp militaire a été visée par des tirs de roquettes par les Houthis. Bilan: 26 soldats pro-gouvernement tués et 40 blessés, selon l'hôpital de Sarwah de la province de Marib, où a eu lieu l'attaque.

Les rebelles ont revendiqué l'attaque menée selon eux aux missiles et aux tirs d'artillerie.

Depuis l'intervention en mars 2015 de la coalition militaire arabe conduite par l'Arabie saoudite en soutien au gouvernement face aux rebelles qui se sont emparés de la capitale Sanaa en septembre 2014, le conflit au Yémen a fait près de 7700 morts et plus de 42 500 blessés, selon l'ONU.

Le pays est actuellement le théâtre de la «pire crise humanitaire au monde» et est confronté à «un grave risque de famine», mettent en garde les Nations unies.