Des affrontements ont éclaté mardi dans la ville israélienne d'Ashkelon entre des manifestants juifs et arabes devant un hôpital où un prisonnier palestinien est en grève de la faim, la police annonçant des arrestations des deux côtés.

Bilal Kayed refuse de s'alimenter depuis 56 jours pour protester contre sa détention sans jugement par Israël et a été transféré à l'hôpital Barzelai après que son état de santé s'est brusquement dégradé.

Selon l'ONG Médecins pour les droits de l'Homme-Israël et des responsables palestiniens, il souffre notamment de problèmes aux reins, a des difficultés à se tenir début et les médecins ont mis en garde contre un risque d'accident vasculaire cérébral.

Mardi, des manifestants arabes et juifs soutenant la cause de Kayed se sont rassemblés devant l'hôpital, certains portant des pancartes portant l'inscription «la détention administrative est illégale».

La détention administrative est un régime extrajudiciaire israélien controversé permettant de détenir un prisonnier pendant une durée illimitée sans inculpation ni procès pour une période de six mois renouvelable indéfiniment. Cette pratique est dénoncée par les ONG de défense des droits de l'Homme.

Des députés arabes du Parlement israélien faisaient partie des manifestants.

Des Israéliens issus de la droite, certains criant «Mort aux terroristes», ont organisé une contre-manifestation et les deux parties ont échangé des coups.

La police est intervenue et a été la cible de jets de pierres de la part des contre-manifestants. Elle a annoncé avoir arrêté 10 juifs et trois Arabes suspectés notamment de troubles à l'ordre public.

Elle n'a pas précisé si les Arabes arrêtés étaient des citoyens israéliens ou des Palestiniens de Jérusalem-Est annexée.

Bilal Kayed devait être libéré le 15 juin après avoir purgé une peine de 14 ans et demi de prison pour ses activités au sein du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, la gauche historique), considéré comme organisation terroriste par l'État hébreu. Mais Israël a ordonné son maintien en détention.

Sur environ 7000 détenus palestiniens dans les prisons israéliennes, plus de 700 sont en détention sans procès ni inculpation, selon le Club des prisonniers palestinien.

Les prisonniers palestiniens font fréquemment des grèves de la faim pour dénoncer cette forme de détention ou leurs conditions d'emprisonnement.