Six Européens et Américains, adeptes du tourisme à haut risque, ont été blessés jeudi par un tir de roquette visant leur convoi dans l'ouest de l'Afghanistan, enfoncé dans la guerre depuis près de 40 ans.

L'attaque s'est produite sur la route reliant les spectaculaires villes historiques de Bamyan au centre, et d'Hérat près de la frontière iranienne.

Selon un responsable provincial à Hérat, il s'agissait d'un groupe de 12 personnes - huit Britanniques, trois Américains et un Allemand - en voyage d'agrément dans ce pays encore largement en proie aux affrontements armés, violences, kidnappings et brigandage.

Six touristes ont été blessés, dont une femme, ainsi que leur chauffeur.

« Leur véhicule a été touché de plein fouet par un tir de roquette des talibans, les touristes ont pu s'extraire et sont légèrement blessés » a précisé le porte-parole de l'armée Najbullah Najibi, ajoutant que les blessés avaient été acheminés vers Hérat.

Selon le porte-parole du gouverneur d'Hérat, Jilani Farhad, le groupe voyageait en convoi sous la protection de l'armée afghane qui a riposté, tuant « plusieurs talibans ».

Ces derniers n'ont cependant pas revendiqué l'opération.

L'attaque s'est produite dans le district de Chisht-e-Sharif, au coeur de la province montagneuse et isolée de Ghor (centre), à mi-parcours entre Bamyan et Hérat, capitales de provinces considérées comme relativement tranquilles pour le pays.

En revanche, plusieurs districts de Ghor sont ciblés par les talibans.

Tourisme sous adrénaline

Voyager par la route est considéré comme de plus en plus risqué en Afghanistan, où les attaques d'insurgés islamistes se multiplient notamment dans le nord, le sud et l'est du pays où se déroulent également de violents combats.

Néanmoins, une poignée d'agences spécialisées dans le tourisme sous adrénaline proposent des séjours à travers le pays en vantant la beauté des paysages et les richesses archéologiques de circuits « sur les traces de Marco Polo ».

Selon le quotidien britannique The Guardian, les touristes voyageaient en Afghanistan avec « Hinterland Travel », agence installée en Angleterre qui propose un circuit à travers le centre et l'ouest du pays et un autre partant d'Ouzbékistan à destination des « mines de lapis-lazuli », une zone difficile d'accès dans le nord.

L'agence, qui emmène également ses clients en Irak, n'était pas disponible dans l'immédiat pour un commentaire. Le dernier voyage de 21 jours organisé à Bamyan et Hérat a débuté le 26 juillet, peut-on lire sur son site internet.

L'agence anglaise Untamed Borders (Frontières Sauvages) a elle récemment emmené des sportifs descendre en kayak la rivière Panjshir, connue pour ses eaux turquoise bouillonnantes. Mais cette province essentiellement tadjike, fief de feu Ahmad Shah Massoud qui la défendit âprement contre les Soviétiques et les talibans, est considérée comme l'une des plus sûres du pays.

« Le Panjshir pour le kayak est, avec Bamyan pour le ski, l'une des rares provinces où l'on emmène encore des touristes. Pour nous, les autres provinces ne sont plus assez sûres », confie le fondateur de Untamed Borders, James Willcox, joint en Angleterre.

« La route de Bamyan à Hérat est vraiment spectaculaire, avec des sites grandioses, mais on a arrêté d'y emmener les touristes depuis 2009 à cause des groupes insurgés et des barrages, » ajoute ce professionnel, qui organise des voyages en Afghanistan depuis 2007. « Nous refusons d'emprunter des routes qui nécessitent une escorte armée ».

Circuler en convoi avec l'armée afghane n'est pas une garantie : début juin, un journaliste américain David Gilkey et son confrère et interprète afghan Zabihullah Tamanna ont été tués alors qu'ils voyageaient au sein d'un convoi militaire dans la province instable du Helmand (sud).

Des bus locaux sont aussi régulièrement pris en embuscade sur les routes.

Pour les étrangers, le risque d'enlèvement est par ailleurs particulièrement élevé. Les États-Unis ont relevé leur alerte en mai, après qu'un de leurs ressortissants eut échappé de peu à un rapt en plein Kaboul.

Les employés des agences humanitaires, moins protégés que les diplomates ou militaires étrangers, sont particulièrement visés par des enlèvements qui peuvent être autant criminels que politiques.

Une quadragénaire indienne travaillant pour la Fondation de l'Aga Khan a été enlevée le 9 juin à Kaboul, et libérée plus de six semaines plus tard, le 23 juillet.