Un kamikaze a tué lundi 14 gardes de sécurité népalais qui se rendaient protéger l'ambassade du Canada à Kaboul, la capitale de l'Afghanistan.

L'un des gardes ayant survécu à l'attaque a raconté que ses collègues et lui-même se trouvaient dans un minibus lorsque l'explosion s'est produite.

L'attaque, qui s'est déroulée sur la route reliant Kaboul à Jalalabad - la grande ville de l'Est -, a également fait neuf blessées, dont «cinq Népalais et quatre Afghans», a précisé le ministère de l'Intérieur afghan dans un communiqué «condamnant fermement cette action terroriste».

Les Népalais tués travaillaient pour une compagnie de sécurité qui officiait pour le compte de l'ambassade canadienne à Kaboul.

L'assaut a été dénoncé par le premier ministre Justin Trudeau.

Dans un message publié sur Twitter, M. Trudeau a affirmé que cette attaque visant des travailleurs de la sécurité à Kaboul était « consternante et lâche » et que les pensées du Canada étaient avec les victimes et le peuple afghan.

L'ambassade canadienne a confirmé que « l'attaque d'aujourd'hui a visé notre compagnie de sécurité », mais précise qu'« il n'y a pas eu d'attaque contre les locaux de l'ambassade ».

Dans un communiqué, le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion a « condamné fermement les attaques terroristes perpétrées lundi en Afghanistan par les talibans, y compris l'attaque commise à Kaboul contre un autobus transportant des gardiens de sécurité qui protègent l'ambassade du Canada en Afghanistan ».

Le ministre a présenté ses condoléances aux familles des gardiens de sécurité, dont il a précisé qu'ils étaient népalais et indiens.

« Bon nombre des victimes faisaient partie de l'équipe de notre ambassade depuis des années, et on se souviendra d'elles pour le service de protection qu'elles assuraient au personnel de l'ambassade du Canada en Afghanistan », a-t-il ajouté.

Il a également indiqué qu'Ottawa collaborait « avec les autorités népalaises et indiennes afin d'aider au rapatriement des victimes. »

Des traces de sang étaient visibles sur les flancs du minibus jaune et blanc, dont les fenêtres ont été entièrement soufflées par la déflagration, a rapporté un photographe de l'AFP. L'explosion, qui s'est produite à la sortie du complexe abritant ces gardes selon la police, a été entendue dans un vaste périmètre à la ronde.

Le chef de la police de Kaboul, le général Abdul Rahman Rahimi, a révélé que l'auteur de l'attentat était à pied lorsqu'il s'était fait exploser près du minibus transportant les gardes. Il n'a pas identifié la compagnie de sécurité étrangère qui employait les victimes.

Le ministère afghan de l'Intérieur a confirmé que les 14 victimes étaient toutes des citoyens du Népal. Il a indiqué que l'attaque était l'oeuvre d'un kamikaze et qu'elle avait aussi fait neuf blessés, soit cinq gardes de sécurité népalais et quatre civils afghans.

Un porte-parole des talibans a revendiqué la responsabilité de l'attentat dans un communiqué transmis aux médias, tout comme l'a fait la branche afghane du groupe armé État islamique. Il n'a pas été possible dans l'immédiat de faire la lumière sur ces deux déclarations rivales.

Cette attaque est la plus récente à survenir dans la capitale afghane depuis que les talibans ont redoublé d'ardeur dans le cadre de leur offensive estivale.

Trois attentats, au moins 25 morts

Au moins 25 personnes, dont les 14 employés de sécurité népalais, ont été tuées dans trois attentats quasi simultanés à Kaboul et dans le nord-est du pays lundi, les premiers de ce type depuis l'annonce d'un renforcement de l'engagement américain contre les insurgés.

Peu après l'attentat visant les gardes népalais, une autre bombe a explosé au passage d'un convoi transportant un élu provincial, selon le ministère de l'Intérieur. Une personne est morte et 4 autres ont été blessées dont le responsable politique.

Un porte-parole taliban a revendiqué sur les réseaux sociaux les deux attaques dans la capitale, les premières de cette ampleur depuis le début du ramadan le 6 juin.

« Ce matin tôt, nous avons conduit une attaque martyre contre des gardes des forces d'agression, faisant 20 morts et blessés », a annoncé un porte-parole taliban, Zabihullah Mujahid.

Mais la branche locale de l'organisation État islamique a également revendiqué l'attentat, divulguant le nom et la photo de l'assaillant, selon le centre américain de surveillance de sites djihadistes SITE, qui note que ce n'est pas la première fois que les deux organisations se disputent la responsabilité d'une attaque en Afghanistan.

S'il s'avérait qu'elle a été commise par l'EI, il s'agirait de la plus importante attaque du groupe en territoire afghan. Une source au sein des services secrets afghans a indiqué que des vérifications étaient en cours.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid a balayé les affirmations « sans fondement et creuses » de l'EI, soulignant que le groupe n'a « pas la capacité de mener une attaque à Kaboul et n'a pas le soutien de la population. »

Victimes civiles

Peu après l'attaque contre le minibus transportant les gardes népalais, une moto piégée a explosé sur un marché de la petite ville de Keshim, dans la province afghane du Badakhshan (nord-est), ont annoncé les autorités locales, faisant dix morts et 40 blessés, selon un nouveau bilan en fin d'après-midi.

« Toutes les victimes sont des civils », a précisé à l'AFP le porte-parole du gouverneur de la province, Naweed Froutan.

La dernière attaque en date revendiquée par les talibans dans la capitale afghane avait fait 64 morts et plus de 340 blessés le 19 avril.

Les rebelles islamistes, qui exigent le départ de toutes les troupes étrangères d'Afghanistan, ne cessent de gagner du terrain depuis le début du retrait des forces de l'OTAN : ils progressent principalement dans le sud et l'est du pays, mais aussi dans les provinces du Nord.

Ils avaient conduit à l'automne dernier une opération éclair et tenu brièvement la grande ville septentrionale de Kunduz. Entretemps, leur chef, le mollah Akhtar Mansour a été tué par un tir de drone américain au Pakistan et remplacé par le mollah Haibatullah Akhundzada, un érudit en religion.

Plus de 5000 membres des forces de sécurité afghanes ont été tués en 2015 et les Nations unies ont fait état d'un bilan record de plus de 11 000 victimes civiles, dont 3550 morts.

Face à cette situation, le président Barack Obama a décidé début juin de freiner le retrait des troupes américaines. Un contingent de 9800 hommes doit demeurer dans le pays pendant la plus grande partie de 2016 puis passer à 5500 hommes en janvier 2017 dans le cadre de l'opération « Resolute Support » sous l'égide de l'OTAN, qui compte au total près de 10 000 hommes.

-Avec Mushtaq Mojaddidi de l'Agence France-Presse