Un Canadian emprisonné depuis plus d'un an aux Émirats arabes unis sans que des accusations soient portées contre lui a récemment été informé qu'il allait finalement être accusé dans le cadre d'un procès devant commencer lundi.

Salim Alaradi, un Canadien d'origine libyenne âgé de 46 ans, dirigeait une entreprise à Dubaï lorsqu'il a été arrêté en août 2014. Sa famille et ses avocats n'ont reçu aucune explication de la part des autorités émiriennes concernant les raisons de sa détention et craignent qu'il n'ait été torturé durant son séjour derrière les barreaux.

M. Alaradi sera traduit en justice devant la Chambre de la sûreté de l'État de la Cour suprême fédérale des Émirats arabes unis. Selon Me Paul Champ, l'avocat canadien du quadragénaire, ce choix laisse entendre que les infractions reprochées à son client sont liées au terrorisme.

En entrevue avec La Presse Canadienne, Me Champ a indiqué que le gouvernement émirien semblait enfin déterminé à clore le dossier, mais a exprimé de l'inquiétude en ce qui a trait au côté équitable du procès puisque M. Alaradi n'aura pas droit d'appel et que des confessions obtenues sous la torture pourraient être admises comme preuves.

Le début des procédures est tout de même vu comme un développement important dans ce cas, qui est demeuré longtemps au point mort.

D'après Me Paul Champ, Salim Alaradi a été heureux d'apprendre que des accusations avaient été déposées contre lui parce que cela signifiait que son cauchemar allait peut-être se terminer bientôt. Il a estimé que les Émirats arabes unis s'étaient sentis obligés d'accuser M. Alaradi après l'avoir détenu pendant tout ce temps et a dit avoir bon espoir que son client soit acquitté.

Né en Libye, Salim Alaradi a émigré au Canada en provenance des Émirats arabes unis en 1998, s'installant à Vancouver avec sa famille. Il est retourné aux Émirats en 2007 afin d'y gérer une entreprise d'appareils électroménagers avec son frère. L'homme était en vacances avec ses proches lorsqu'il a été arrêté.

Sa famille est restée sans nouvelle pendant deux mois. Puis, elle a découvert qu'il était détenu dans une prison d'Abu Dhabi, mais n'a jamais réussi à savoir pourquoi.

Les échanges entre M. Alaradi et ses proches ont été limités, mais sa femme a remarqué lors d'une visite au début de son incarcération qu'il avait une brûlure sur la main, signe qu'il avait peut-être été maltraité.

Amnistie internationale a fait remarquer que Salim Alaradi faisait partie d'un groupe de 10 hommes d'origine libyenne présentement emprisonnés aux Émirats.

Me Champ a reconnu que les racines libyennes de son client pourraient avoir joué un rôle dans sa détention, mais a assuré qu'il n'était pas du tout impliqué dans les affaires de la Libye.

«Nous n'avons rien trouvé qui pourrait être retenu contre lui, a soutenu l'avocat. M. Alaradi n'est absolument pas politisé, il n'est membre d'aucun groupe ou association et n'a pas parlé contre le gouvernement.»

Affaires mondiales Canada a révélé que des hauts dirigeants canadiens avaient fait part au gouvernement émirien de leurs inquiétudes au sujet de Salim Alaradi.

«Le gouvernement du Canada a été mis au courant de la gravité du cas de M. Alaradi et a entamé des démarches afin que l'affaire soit résolue promptement et équitablement, a affirmé la porte-parole Diana Khaddaj. Le Canada prend les allégations de mauvais traitement et de torture très au sérieux.»