Une nouvelle trêve humanitaire, la troisième depuis le début de la guerre au Yémen il y a quatre mois, a volé en éclats avec la reprise mardi des raids aériens de la coalition arabe et des combats dans le sud du pays.

La trêve de cinq jours a été décrétée unilatéralement par la coalition menée par l'Arabie saoudite qui bombarde depuis fin mars les rebelles chiites Houthis pro-iraniens qui se sont emparés depuis juillet 2014 de vastes régions du pays frontalier du royaume saoudien.

Elle a déjà été fragilisée dès son entrée en vigueur lundi par des combats entre partisans du président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi et rebelles chiites ainsi que des raids aériens de la coalition qui ont tué «par erreur» 12 loyalistes.

La coalition, entrée en guerre pour empêcher les insurgés de prendre le contrôle total du Yémen, avait averti qu'elle riposterait à tout mouvement des Houthis.

La pause était supposée permettre de secourir les millions de civils durement éprouvés par le conflit, dont les conséquences ont été qualifiées de «désastreuses» par le coordinateur humanitaire de l'ONU pour le Yémen, Johannes Van Der Klauw.

En 24 heures, 22 insurgés, deux civils et quatre loyalistes ont péri dans des combats au nord d'Aden, la capitale du sud reprise par les pro-Hadi, selon un responsable de la santé, Al-Khadr Lassouer.

Les positions des rebelles qui ont été repoussés au nord de cette deuxième ville du pays ont été mardi la cible de raids de la coalition.

«Le prix fort»

Trois frappes ont visé un convoi rebelle à Sabr, à 20 km au nord d'Aden, où les progouvernementaux ont repris le contrôle d'un axe routier reliant Aden aux provinces de Lahj et d'Abyane, selon des sources militaires.

La coalition a également bombardé la base aérienne d'Al-Anad aux mains des rebelles dans la province de Lahj, voisine d'Aden, ont-elles ajouté.

À Marib, à l'est de la capitale Sanaa contrôlée par les Houthis, une position rebelle a été également visée depuis les airs, selon des témoins.

«Il n'y a pas de trêve», a déclaré à l'AFP le gouverneur d'Aden, Nayef al-Bekri. «Les forces soutenant le président poursuivent leurs opérations pour sécuriser Aden en nettoyant les zones autour de la ville et celles proches de Lahj et Abyane».

Dans la nuit, les forces progouvernementales ont réussi à reconquérir le siège de la sous-préfecture à Dar Saad, dernier quartier d'Aden dont les rebelles se servaient pour bombarder des zones résidentielles, selon un responsable local.

Un attentat à la voiture piégée a en outre visé un rassemblement rebelle à Loder, une ville d'Abyane aux mains des insurgés, faisant des victimes, ont indiqué des témoins.

«Les civils paient le prix fort», a dit dans un communiqué Johannes Van Der Klauw, au terme d'une visite à Aden, appelant les protagonistes à «mettre fin aux attaques contre les civils et aux destructions des infrastructures».

Au moins 1895 civils figurent parmi 3984 personnes tuées en quatre mois de conflit, selon les estimations de l'ONU. Environ 80 % de la population - soit 21 millions de personnes - ont besoin d'aide ou de protection, et plus de 10 millions ont du mal à se nourrir ou à trouver de l'eau.

«Crime de guerre»

Une précédente trêve de cinq jours mi-mai n'avait pas empêché la reprise des combats, et une pause initiée par l'ONU à partir du 10 juillet ne s'était jamais matérialisée.

Les Houthis, issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme), et soutenus par des unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, avaient lancé leur offensive en juillet 2014 s'emparant de larges pans de territoire, dont la capitale.

Ils avaient ensuite pris pied à Aden, poussant M. Hadi à fuir en Arabie saoudite en mars, avant d'en être délogés la semaine dernière.

Enfin, les défenseurs des droits de l'homme ont dénoncé des bavures militaires dans le conflit. Human Rights Watch a estimé que le raid de la coalition ayant tué 65 civils vendredi à Mokha (sud-ouest) s'apparentait à un «crime de guerre».

Et la Croix-Rouge internationale a condamné des tirs contre une ambulance du Croissant-Rouge yéménite ayant fait deux morts le 23 juillet à Taëz (sud-est).