Des dizaines de milliers de fidèles se sont rendus vendredi sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, à Jérusalem-Est pour la première grande prière hebdomadaire du ramadan, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Cet afflux a été favorisé par des mesures exceptionnelles des autorités israéliennes à l'occasion du ramadan. Jérusalem-Est est la partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël. Elle est adossée à la Cisjordanie, également sous occupation israélienne.

Environ 200 000 fidèles, selon le chef du WAQF (Office des Biens musulmans), cheikh Azzam Khatib, 80 000 selon la porte-parole de la police israélienne Luba Samri, ont convergé vers l'esplanade des Mosquées pour la première prière du vendredi du mois de jeûne commémorant la première révélation du Coran au prophète Mahomet.

Pas moins de 120 000 personnes selon cheikh Khatib, 48 000 selon la porte-parole de la police sont venues de Cisjordanie. Elles sont seulement quelques milliers un vendredi ordinaire.

Fait rare, 500 Palestiniens venus de la bande de Gaza sous blocus israélien ont pu participer à la prière, a indiqué une responsable de l'organe du ministère de la Défense chargé de coordonner les activités israéliennes dans les Territoires palestiniens (COGAT).

Ils se sont mêlés à la foule qui a traversé les ruelles étroites de la Vieille ville conduisant à l'esplanade des Mosquées. Des commerces étaient décorés des traditionnels lampions colorés du ramadan, certains diffusant des enregistrements de versets coraniques. Des vendeurs proposaient des sucreries aux passants pour le repas de rupture du jeûne à la tombée de la nuit.

Les policiers et les gardes-frontières israéliens revêtus de tenues anti-émeutes et armés de fusils avaient été déployés en force autour de ce site ultra-sensible, théâtre de vifs accès de tension par le passé.

«Nous sommes ici sur le site le plus sacré pour les musulmans de Palestine, nous sommes toujours heureux de faire le voyage», affirme Ahmed, un Palestinien de 64 ans venu de Ramallah (Cisjordanie). «Il nous a fallu un bon moment pour passer le point de contrôle de Qalandiya (entre Ramallah et Jérusalem), mais ça valait la peine».

Le mouvement des Palestiniens de Cisjordanie à Jérusalem-Est est soumis à des mesures israéliennes extrêmement rigoureuses. Ils doivent être notamment munis de permis, passer des contrôles, des barrages, et un mur de séparation sous haute surveillance.

À l'occasion du ramadan, les autorités israéliennes ont pris des mesures pour faciliter les déplacements, en prolongeant notamment les heures d'ouverture des points de passage. Au total, 800 habitants de Gaza ont été autorisés à se rendre à l'esplanade des Mosquées, a annoncé le COGAT mardi.

Pour la première fois depuis les restrictions imposées lors de la Seconde Intifada (2000-2005), les autorités israéliennes ont dit coordonner des navettes de bus pour le transport direct des Palestiniens de Cisjordanie vers l'esplanade des Mosquées.

Mais ce dispositif n'était pas opérationnel vendredi à cause du «manque de préparation» des autorités palestiniennes, selon le COGAT.

Toutes ces mesures ne suffisent pas, a dit cheikh Azzam Khatib : «Il faut que tout le monde puisse venir prier n'importe quand, pas seulement pour le ramadan, pas seulement les vendredis, que les personnes de tous les âges puissent venir, sans restriction».

Les femmes de tous les âges et les hommes de plus de 40 ans pouvaient venir prier sans les permis normalement requis pour sortir de Cisjordanie. Mais les hommes de moins de 40 ans avaient toujours besoin d'un permis.