Deux avions chargés de 32 tonnes d'aide médicale ont atterri vendredi au Yémen, où l'ONU réclame une «pause humanitaire» dans les combats pour venir au secours des civils affectés par le conflit.

Les cargaisons de médicaments et de matériel médical sont les premières à être débarquées par voie aérienne à Sanaa depuis le début il y a 17 jours des bombardements de la coalition de neuf pays, conduits par l'Arabie saoudite.

Cette aide est urgente car «la situation se détériore d'heure en heure», a déclaré à Genève le coordinateur des Affaires humanitaires de l'ONU au Yémen, Johannes Van Der Klaauw.

Il a appelé à «une pause humanitaire immédiate» dans les combats, expliquant que l'ONU avait «besoin de quelques heures au moins chaque jour» pour acheminer plus facilement l'aide à une population qui manque de tout.

À Aden, en proie à des «milices incontrôlables», «la situation est particulièrement préoccupante, voire même catastrophique», a averti M. Van Der Klaauw.

Les avions de la coalition ont mené de nouveaux raids très violents dans le sud contre des positions de la milice chiite des Houthis et ses alliés, les militaires fidèles à l'ancien chef de l'État Ali Abdallah Saleh.

Le porte-parole de la coalition, le général de brigade Ahmed Assiri a précisé vendredi soir que les derniers raids étaient dirigés contre des camps militaires rebelles dans neuf villes du pays, du nord au sud.

«La coalition s'emploie également par ses raids à soutenir les résistants des Comités populaires», favorable au président Abd Rabbo Mansour Hadi, a-t-il ajouté.

Les rebelles contrôlent Sanaa, des régions du centre et de l'ouest du pays ainsi que des parties d'Aden, la grande ville du Sud, d'où s'est enfui le président Hadi, désormais réfugié en Arabie saoudite.

Attendu ce week-end à Ryad, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, qui doit évoquer de nombreux sujets avec les dirigeants saoudiens, devrait répéter sa solidarité au «président légitime» Hadi et réaffirmer que la France «se tient aux côtés de ses partenaires de la région pour restaurer la stabilité et l'unité du Yémen», a assuré à l'AFP une source diplomatique.

Combats de rue à Aden

À Aden, trois civils: une femme âgée, un homme et un enfant, ont été tués par des snipers des Houthis, selon des sources médicales.

La ville a connu également de violents combats de rue entre Houthis et membres des Comités populaires, selon des témoins, qui ont présenté à un journaliste de l'AFP des dizaines de «prisonniers» rebelles capturés en affirmant bien les traiter.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 650 personnes ont été tuées et plus de 2.000 blessées depuis la récente escalade du conflit. Mais les chiffres réels sont certainement plus élevés car nombre des corps ne sont pas envoyés dans les hôpitaux mais directement enterrés, selon l'ONU.

L'arrivée des premiers secours à bord de deux avions du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de l'Unicef «est une question de vie ou de mort pour les personnes blessées dans ce conflit», a expliqué Cédric Schweizer, qui dirige l'équipe du CICR.

Le CICR avait lancé en vain la semaine dernière un appel à une trêve humanitaire de 24 heures afin d'apporter un soutien médical alors que les réserves de médicaments et d'équipements s'épuisent dans les hôpitaux. La population souffre en outre de pénuries de carburant et d'eau tandis que les stocks de nourriture se raréfient.

De son côté, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a indiqué que 317 réfugiés yéménites étaient arrivés à Djibouti au cours des 10 derniers jours. Ils «nous ont expliqué que beaucoup de personnes essaient de quitter le Yémen mais n'y arrivent pas en raison de la pénurie de carburant et des tarifs élevés fixés par les opérateurs de bateaux», a indiqué le porte-parole du HCR, Adrian Edwards, à Genève.

Le HCR se prépare à aider et à accueillir au cours des six prochains mois jusqu'à 30.000 nouveaux réfugiés à Djibouti, et jusqu'à 100.000 dans les régions de Somaliland et Puntland en Somalie.

Dans le sud du Yémen, où se concentrent les combats entre partisans et adversaires de M. Hadi, 19 Houthis ont été tués dans deux attaques vendredi.

Douze de ces miliciens chiites ont péri dans une embuscade tendue par les paramilitaires des Comités populaires, pro-Hadi, dans la province de Daleh, ont affirmé des témoins.

À Baihane, dans la province voisine de Chabwa, sept autres Houthis ont été tués et 8 blessés dans un attentat suicide à la voiture piégée portant la marque d'Al-Qaïda, ont rapporté des sources médicales.

Et dans la région d'Ibb (centre), les Houthis ont bombardé à l'artillerie un rassemblement tribal hostile, tuant six personnes et blessant quatre autres, et tentent de prendre le contrôle de la sous-préfecture d'Al-Makhadir, selon des responsables locaux.