Dix personnes sont mortes et une soixantaine ont été blessées jeudi en Afghanistan dans une attaque menée par des talibans contre une cour d'appel de Mazar-i-Sharif (nord), une grande ville généralement épargnée par les violences, ont indiqué des responsables dans un nouveau bilan.

Les forces de sécurité afghanes ont réussi à mettre fin à l'attaque en fin d'après-midi, après six heures d'échanges de tirs et de grenades. «Cinq membres des forces de sécurité et cinq civils ont été tués, et 66 autres personnes ont été blessés», a annoncé Abdul Raziq Qaderi, le chef de la police de la province de Balkh, dont Mazar-i-Sharif est la capitale.

«Des policiers, des procureurs, des femmes et des enfants font partie des blessés», a souligné Noor Mohammad Faiz, directeur de l'hôpital où la majorité des victimes ont été évacuées.

Les assaillants ont lancé des grenades sur le tribunal, puis ouvert le feu sur les forces de sécurité afghanes et incendié un des bâtiments de ce complexe judiciaire, selon un journaliste de l'AFP sur place.

«Trois à cinq hommes armés, vêtus d'uniformes militaires et de ceintures explosives, ont attaqué la Cour d'appel ce matin», avait annoncé le ministre afghan de l'Intérieur quelques heures après le début de l'attaque.

Les talibans afghans ont revendiqué cette attaque auprès de l'AFP.

Il y a deux ans, presque jour pour jour, un commando taliban avait attaqué un tribunal de la province de Farah (ouest) avec l'objectif de libérer des insurgés qui allaient y être jugés. Cette attaque, qui avait duré sept heures, avait fait 46 morts et une centaine de blessés.

L'attaque intervient peu avant le début de la «saison des combats» qui oppose, depuis une décennie à partir du redoux printanier, l'insurrection islamiste aux soldats de l'OTAN et leurs alliés des forces afghanes.

Or l'OTAN a mis fin en décembre dernier à sa mission de combat en Afghanistan. Mais elle garde encore 12 500 soldats étrangers, dont 9.800 Américains, dans le pays afin d'appuyer et de former les forces afghanes qui se préparent ainsi à entamer pour la première fois la «saison des combats» sur la «ligne de front» face aux insurgés.

Un soldat américain tué 

Mercredi, un soldat américain avait été tué lors d'un échange de tirs entre soldats de l'OTAN et afghans devant la résidence du gouverneur de la province du Nangarhar (est), frontalière du Pakistan, qui s'entretenait alors avec une délégation américaine.

«Cette attaque rappelle que l'Afghanistan demeure un endroit dangereux», a déclaré jeudi le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter dans le cadre de sa mini-tournée asiatique.

«Il y a encore du travail à faire pour soutenir les forces de sécurité afghanes afin qu'elles puissent pérenniser les progrès que nous avons réalisés au cours des dernières années», a-t-il ajouté.

Il s'agissait de la première «attaque de l'intérieur», d'hommes vêtus de l'uniforme de l'armée afghane contre ceux de l'OTAN, depuis que le président américain Barack Obama a annoncé fin mars que les 9800 soldats Américains encore au pays allaient demeurer dans le pays d'ici la fin de l'année.

Or un plan initial prévoyait le retrait de la moitié d'entre eux cette année dans le cadre du désengagement des États-Unis. Ce ralentissement dans le rythme du retrait compromet «toutes les possibilités» de paix, avaient affirmé les talibans du mollah Omar.

Le président afghan Ashraf Ghani tente actuellement de convaincre les talibans de s'engager dans un processus de paix dans l'espoir de stabiliser le pays endeuillé par plus de 35 années de conflits.