Vingt policiers afghans ont été tués mardi dans l'attaque-suicide menée par des kamikazes talibans à Puli Alam, au sud de la capitale Kaboul, ont indiqué les autorités locales, relevant un précédent bilan de 10 morts.

Cette attaque, qui intervient au lendemain du lancement par les forces afghanes d'une offensive contre les talibans dans leurs fiefs du sud, est l'une des plus meurtrières depuis le départ des troupes de combats de l'OTAN du pays fin décembre dernier.

Opération préventive

L'armée afghane a lancé une opération préventive lundi contre les talibans en amont de la prochaine «saison des combats», mais les insurgés ont répliqué en menant de sanglantes attaques contre des policiers.

Moins de deux mois après le départ du pays des troupes de combats occidentales, l'armée et la police afghanes ont envoyé lundi plusieurs de leurs unités à l'assaut des rebelles dans quatre districts de la province instable du Helmand (sud).

Experts et responsables militaires s'attendent à un retour de la violence avec la «saison des combats», qui reprend traditionnellement avec les beaux jours en avril ou mai. Cette année, la douceur de l'hiver fait craindre que les talibans, en partie réfugiés l'hiver au Pakistan voisin, ne reviennent sur le front beaucoup plus tôt que prévu.

En effet, signe d'un regain d'activité des insurgés, ces derniers ont été prompts à répondre à l'offensive de l'armée. Mardi, au moins 20 policiers ont été tués dans la province de Logar, au sud de Kaboul, dans une attaque-suicide.

Et lundi, au moins six policiers ont été tués dans une embuscade tendue par les talibans dans la province de Kandahar. Et d'autres incidents annonciateurs d'une plus grande activité talibane ont été rapportés ces derniers jours, dont la mort d'une élue locale dans un attentat à Jalalabad.

Selon le ministère afghan de la Défense, 76 combattants talibans ont été tués lundi au premier jour de ces opérations qui visent également six districts des provinces voisines de Kandahar, Farah et Oruzgan. «Cette opération est entièrement organisée et exécutée par l'armée afghane», a expliqué le général Abdul Khaliq, commandant des troupes afghanes dans la zone.

«Nous avons rassemblé suffisamment de personnel et de soutien aérien. Si Dieu le veut, les terroristes n'auront aucune chance contre nous. Ils seront punis», a-t-il ajouté.

Son adjoint, Salem Ehsas, a dit à l'AFP qu'au cours des opérations, ses soldats utiliseraient de nouveaux équipements notamment pour la détection des mines et bombes artisanales rebelles, l'une des principales causes de mortalité des troupes afghanes dans ce conflit entamé il y a plus de 13 ans.

«Année de défis»

Selon le ministère de la Défense, cette série d'opérations baptisée «Zolfiqar», du nom de l'épée d'Ali, l'un des premiers fidèles du prophète Mahomet, n'est que la première phase d'une vaste offensive de l'armée.

«Ce n'est pas la première et cela ne sera pas la dernière opération contre les talibans et leurs alliés», a dit le général Dawlat Waziri, un porte-parole du ministère.

La nouvelle «saison des combats» sera la première sans la présence des troupes de combats de l'OTAN, qui ne laisse derrière elle qu'une force résiduelle de quelque 12 500 hommes dans le cadre de la mission «Soutien résolu».

La force internationale, menée par les États-Unis, est en principe dédiée à l'aide et à la formation des quelque 350 000 membres des forces de sécurité afghanes, mais se réserve le droit d'intervenir pour les appuyer en cas d'urgence.

«2015 sera une année de défis pour les forces armées afghanes», explique à l'AFP le général afghan à la retraite Atiqullah Amarkhail. Les opérations lancées lundi «visent à devancer les attaques des talibans, car des informations circulent selon lesquelles les rebelles se massent déjà dans ces zones en vue d'attaquer au printemps».

Les violences en Afghanistan ont atteint un niveau record en 2014, avec les pires pertes civiles et militaires depuis le début de l'intervention occidentale menée par les Américains en Afghanistan en 2001.

Selon l'ONU, plus de 3000 civils y ont perdu la vie en 2014, soit une hausse de 18 % par rapport à 2013. Et près de 5000 soldats et policiers afghans sont morts au combat cette année, selon le Pentagone.

S'y ajoutent des risques d'instabilité politique, le Parlement ayant refusé en janvier d'approuver une grande partie des membres du cabinet proposés par le président Ashraf Ghani, entré en fonctions en septembre 2014.

Pour mettre fin à cet interminable conflit, M. Ghani a promis de tenter d'entamer le dialogue avec les talibans, jamais vaincus ni très affaiblis par les offensives alliées et afghanes ces dernières années, en vue de pourparlers de paix.