L'ONU a demandé jeudi à Israël de reprendre «immédiatement» le versement de taxes collectées pour le compte de l'Autorité palestinienne, qu'Israël avait suspendu en représailles à l'adhésion des Palestiniens à la Cour pénale internationale (CPI).

Lors d'un débat sur le Proche-Orient au Conseil de sécurité, le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires politiques, Jens Anders Toyberg-Frandzen, a estimé qu'Israéliens et Palestiniens s'étaient engagés dans «une spirale négative de mesures et de contre-mesures». Il les a appelés à «s'abstenir de toute action qui pourrait exacerber encore les divisions».

«Nous demandons à Israël de reprendre immédiatement le transfert des sommes provenant des taxes», a affirmé le responsable de l'ONU.

Israël a gelé le versement de 106 millions d'euros (123 millions de dollars) de taxes collectées pour le compte de l'Autorité palestinienne peu avant l'adhésion des Palestiniens à la CPI. Cette adhésion va notamment leur permettre de mettre Israël en accusation devant cette juridiction compétente pour juger les crimes de guerre.

Ces paiements sont vitaux pour l'Autorité palestinienne, car ils représentent plus des deux tiers de ses recettes budgétaires propres et contribuent au paiement de plus de 150 000 fonctionnaires.

«Le conflit israélo-palestinien est entré en terre inconnue et il semble qu'il n'y ait pas d'espoir d'un retour à des négociations de paix dans l'avenir immédiat», a déploré M. Toyberg-Frandzen, en appelant les deux camps à promouvoir «un règlement négocié du conflit sur la base d'une solution à deux États».

L'adhésion palestinienne à la CPI faisait suite au rejet le 30 décembre, par le Conseil, d'un projet palestinien de résolution.

Le représentant palestinien à l'ONU Ryad Mansour a confirmé jeudi que les Palestiniens allaient «continuer à solliciter le Conseil de sécurité».

La Ligue arabe a annoncé de son côté vouloir mobiliser des soutiens internationaux en faveur d'un nouveau projet de résolution palestinien.

Les États-Unis, qui avaient voté contre la résolution le 30 décembre sans toutefois user de leur droit de veto, ont réaffirmé leur opposition à une telle démarche: «Nous ne pensons pas qu'une autre résolution du Conseil de sécurité en ce moment serait constructive», a déclaré la porte-parole du département d'État, Marie Harf.

Pour l'ambassadeur israélien Ron Prosor, «le président (palestinien) Abbas se berce d'illusions au lieu de s'engager dans des négociations». «En choisissant de rejoindre la CPI, les Palestiniens ont confirmé qu'ils ne veulent pas négocier ni faire de concessions», a-t-il ajouté.

Avant le vote du 30 décembre, la France avait tenté d'élaborer une résolution de compromis. L'ambassadeur français François Delattre a confirmé jeudi que «la France continuera ses efforts en vue d'une résolution constructive, raisonnable et consensuelle».

Deux des nouveaux membres non permanents du Conseil, la Nouvelle-Zélande et l'Espagne, se sont déclarés favorables à une résolution fixant les paramètres d'un règlement et un calendrier précis.

Mais ce texte devrait être «négocié pour parvenir à un consensus» et «présenter au moment politiquement le plus opportun», a souligné l'ambassadeur espagnol Roman Oyarzun Marchesi.