Un adolescent palestinien a été tué par balle vendredi par l'armée israélienne près de Ramallah, alors que la tension, très vive depuis plusieurs semaines en Cisjordanie et à Jérusalem, s'est encore accrue après la mort d'un bébé israélien mercredi dans un attentat.

Selon des sources médicales et de sécurité palestiniennes, le jeune homme de 17 ans, identifié comme étant Orwa Hammad, a été tué lors de heurts opposant l'armée israélienne à des Palestiniens jetant des pierres dans le village de Silwad, théâtre d'affrontements réguliers de ce type.

L'armée israélienne a affirmé de son côté avoir déployé des soldats dans ce secteur pour protéger une route fréquentée par des colons près de la colonie d'Ofra.

Les soldats ont repéré une personne sur le point de lancer un cocktail Molotov et «tiré immédiatement pour neutraliser le danger [...] touchant une cible», a expliqué une porte-parole de l'armée.

Le consulat américain à Jérusalem a affirmé que l'adolescent possédait la nationalité américaine. Cette information a été confirmée par le département d'État. Selon des habitants de Silwad, le père de la victime réside aux États-Unis.

Plus tôt dans la journée, des heurts avaient éclaté dans les quartiers de Wadi Joz et Issawiya à Jérusalem-Est, où des policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants palestiniens jetant des pierres.

Trois manifestants ont été arrêtés, selon la police, qui n'a pas fait état de blessés.

La présence policière avait été renforcée et l'accès à la mosquée Al-Aqsa, dans la Vieille ville de Jérusalem, limité pour la prière du vendredi, la police craignant de nouvelles violences après l'attentat de mercredi, dans lequel un bébé de trois mois a été tué.

«Graines du désespoir»

Cet attentat a généré de nouveaux heurts à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël depuis 1967 et secouée depuis des mois par des affrontements quasi quotidiens entre Palestiniens et policiers israéliens.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, deux Palestiniens ont ainsi été arrêtés dans la Vieille ville alors qu'ils jetaient des pierres, des bouteilles et des pneus enflammés sur la police, qui a répondu avec des armes «anti-émeutes», selon une porte-parole de la police.

Après l'attentat de mercredi, perpétré par un jeune Palestinien qui a lancé sa voiture contre un groupe à un arrêt de tramway à Jérusalem, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a promis que «toute tentative d'attaque contre des habitants de Jérusalem sera sévèrement punie».

«Jérusalem unifiée était et restera la capitale d'Israël pour l'éternité», a-t-il souligné, promettant d'y «ramener le calme et la sécurité».

M. Nétanyahou a récemment accusé le président palestinien Mahmoud Abbas d'avoir participé à échauffer les esprits par de récentes déclarations à propos de l'esplanade des Mosquées, un site ultra-sensible.

L'esplanade, qui réunit la mosquée Al-Aqsa et le dôme du Rocher, est le troisième lieu saint de l'islam et, pour les juifs, le lieu du second Temple détruit en l'an 70 par les Romains.

Elle est le théâtre de heurts chroniques devenus plus réguliers et plus violents depuis la guerre à Gaza cet été, qui a duré 50 jours (8 juillet-26 août).

En réponse, Saëb Erakat, un haut responsable de l'Autorité palestinienne, a retourné ces accusations contre M. Nétanyahou: «Le jour où il se regardera dans le miroir, il verra qui est responsable du malheur des Palestiniens et des Israéliens». «C'est lui qui sème les graines du désespoir».