Le candidat à la présidentielle en Afghanistan, Abdullah Abdullah, a lancé un nouvel ultimatum lundi en menaçant d'abandonner les négociations sur la formation d'un gouvernement d'union nationale si ses griefs sur le processus électoral n'étaient pas pris en compte dans les 24 heures.

«Si demain nos demandes logiques pour un audit transparent et un processus politique honnête ne sont pas prises en compte, nous allons complètement boycotter le processus», a dit le porte-parole de M. Abdullah, Fazel Aqa Hussain Sancharaki, lundi au cours d'une conférence de presse, aggravant encore la crise politique afghane.

Après un premier ultimatum, M. Abdullah avait déjà retiré ses observateurs la semaine dernière de la commission électorale indépendante (IEC) qui procède à l'audit des quelque 8,1 millions de bulletins de vote du deuxième tour de la présidentielle du 14 juin dernier, destiné à éliminer ceux qui seraient frauduleux.

Le candidat mécontent demande des critères d'invalidation des bulletins de vote beaucoup plus rigoureux. «Notre patience est à bout, toute annonce faite par la ''commission de l'arnaque'' au sujet de l'élection sera rejetée par notre camp. Le peuple s'opposera à une telle annonce», a déclaré M. Sancharaki.

L'audit vise à départager hors de tout doute les rivaux Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani, qui se sont affrontés le 14 juin.

En outre, l'impasse politique demeure entre les deux candidats au sujet notamment d'un futur gouvernement d'union nationale.

Toutefois, interrogé par l'AFP, le porte-parole de M. Ghani, Tahir Zaheer, a assuré que les négociations se poursuivaient et que les deux candidats s'étaient rencontrés dimanche soir.

«Le problème c'est que l'équipe de M. Abdullah veut davantage d'autorité pour le chef de l'exécutif (un poste censé revenir à l'équipe perdante)», a-t-il expliqué.

Selon M. Zaheer, les nouvelles menaces de boycottage «ne changeront rien, elles ne sont pas logiques. Ils doivent être réalistes».

L'élection semble acquise à M. Ghani, arrivé largement en tête du deuxième tour avec un million de voix d'avance, mais M. Abdullah tente d'obtenir une influence significative dans le prochain gouvernement, notamment concernant le poste de chef de l'exécutif.

«Nous avons rejoint les négociations sur la base d'une demande de la communauté internationale et des Afghans. Notre intention était de créer un cadre équilibré» entre les deux parties, a également indiqué M. Sancharaki.

«Mais ils ont joué avec nous tant sur le côté technique (audit) que sur le côté politique [négociations pour un gouvernement d'union nationale]», a estimé le porte-parole.

M. Sancharaki a conclu en ajoutant: «nous donnons à la communauté internationale et à l'équipe rivale jusqu'à demain pour apporter de réels changements».

Au lendemain du second tour, M. Abdullah avait dénoncé des fraudes massives exacerbant ainsi les tensions entre les Tadjiks, qui lui sont favorables, et les Pachtouns, qui soutiennent M. Ghani.

Les observateurs craignent, quant à eux, que les talibans, écartés du pouvoir en 2001, ne profitent de ce flottement pour gagner du terrain, alors que les troupes de l'OTAN s'apprêtent à quitter le pays d'ici à la fin de l'année.