Israéliens et Palestiniens vont au-devant de discussions très aléatoires s'ils veulent que le cessez-le-feu tienne à Gaza, où le Hamas et le Djihad islamique excluent de satisfaire une exigence primordiale d'Israël en jetant leurs armes.

Après le chef du Hamas jeudi, c'est le Djihad islamique qui a signifié n'avoir aucune intention de renoncer à ses armes, bien au contraire.

«Même pendant la bataille, nous n'avons jamais cessé de produire des armes et nous redoublerons d'efforts... pour nous préparer à la prochaine étape qui sera - nous l'espérons - la bataille pour la liberté», s'est exclamé le porte-parole du Djihad islamique connu sous le nom d'Abou Hamza tandis que des milliers de combattants et de sympathisants participaient à une parade militaire aux allures de démonstration de force dans la ville de Gaza.

Masqués, arborant tenues militaires kaki et fusils d'assaut ou armes de poing, ils ont défilé en brandissant plusieurs roquettes similaires à celles tirées sur Israël durant la guerre.

«Les armes de la résistance sont sacrées», a lancé le porte-parole de l'organisation d'inspiration iranienne, deuxième force combattante de Gaza derrière le Hamas.

Les mêmes paroles ont été prononcées mot pour mot la veille par le chef du Hamas à Doha (Qatar) où il vit en exil.

«Les armes de la résistance sont sacrées. Et nous n'accepterons pas qu'elles soient à l'ordre du jour», a déclaré Khaled Mechaal en faisant référence aux discussions qui doivent à présent s'ouvrir entre Palestiniens pour transformer en trêve durable le cessez-le-feu conclu mardi.

«Seule voie vers la paix»

Les combattants palestiniens ont reçu le soutien du grand ennemi iranien d'Israël. Le général Mohammad Ali Jafari, chef des Gardiens de la révolution, corps d'élite iranien, a promis, selon le site des Gardiens, de renforcer l'aide militaire iranienne non seulement à la bande de Gaza, mais aussi à la Cisjordanie.

La démilitarisation de la bande de Gaza est un impératif pour Israël. Elle est «la seule voie vers la paix», dit le site du ministère des Affaires étrangères citant le chef de la diplomatie Avigdor Lieberman.

«Il est devenu parfaitement clair que ni les Israéliens ni les Palestiniens ne connaîtront la paix et la sécurité si le Hamas n'est pas désarmé», a dit le ministère citant M. Lieberman, un faucon du gouvernement de Benyamin Nétanyahou.

La démilitarisation fait partie des sujets de discorde qui ont compliqué les efforts menés pendant plusieurs semaines sous les auspices égyptiens pour faire cesser les hostilités entre l'armée israélienne et le Hamas qui contrôle l'enclave palestinienne. Le Djihad islamique a également pris part aux combats comme aux pourparlers. Il a dit vendredi avoir perdu 121 hommes au combat.

Après plusieurs trêves unilatérales ou bilatérales avortées, les deux camps ont fini par s'entendre sur un cessez-le-feu illimité mettant un terme à 50 jours de guerre qui ont fait 2143 morts côté palestinien et 71 côté israélien.

Un soldat israélien, blessé par un tir de roquette de Gaza le 22 août, a succombé vendredi selon l'armée, portant à 65 le nombre de militaires tués durant le conflit (8 juillet-26 août), le plus lourd bilan pour l'armée depuis la guerre contre le Hezbollah libanais en 2006.

Au troisième jour du cessez-le-feu, les habitants de Gaza profitaient de la relative normalité dans le territoire dont des quartiers entiers ont été réduits en ruines par les bombes à Chajaya, Beit Hanoun ou Rafah.

Le cessez-le-feu, une erreur?

Des dizaines d'enfants de la ville de Gaza sont allés à la plage jouer dans les vagues sans ne plus craindre les frappes israéliennes. Non loin de là, les pêcheurs ont pris la mer avec l'intention de profiter de l'extension de leur zone de pêche, l'une des rares concessions faites par Israël en échange de l'arrêt des tirs de roquettes ou d'obus de mortier.

À Hébron, en Cisjordanie, plusieurs milliers de Palestiniens ont défilé après la prière pour célébrer «la victoire à Gaza», brandissant des drapeaux du Hamas et des répliques de roquettes et de fusils, a constaté un journaliste de l'AFP.

En Israël en revanche, 61 % des personnes interrogées pour un sondage publié vendredi par le quotidien Maariv estiment que leur pays n'a pas gagné la guerre si l'objectif était d'instaurer un calme durable. Cinquante-huit pour cent des sondés (des juifs israéliens) considèrent que l'acceptation d'un cessez-le-feu illimité comme une erreur.

L'accord de cessez-le-feu n'a pas été rendu public. De nouveaux pourparlers doivent avoir lieu dans un délai d'un mois, avec l'objectif de parvenir à un accord pour que les armes ne parlent pas à nouveau dans quelques mois dans un territoire qui a connu trois guerres en six ans.

Ils doivent porter sur les sujets les plus épineux, comme la démilitarisation, la réouverture de l'aéroport du territoire ou la libération de dizaines de prisonniers politiques requise par les Palestiniens.