Les forces irakiennes ont lancé vendredi une opération pour reprendre des secteurs près de Fallouja, une ville tenue par des insurgés à l'ouest de Bagdad, a indiqué un officier alors que 11 personnes ont péri dans des violences.

«Une opération militaire a été lancée (...) pour éliminer l'organisation EIIL et libérer Fallouja», a déclaré un officier supérieur de l'armée, en référence au puissant groupe jihadiste de l'État islamique en Irak et au Levant.

«L'opération continuera jusqu'à ce qu'un assaut soit lancé sur Fallouja», a indiqué l'officier.

Il semble pourtant incertain qu'un tel assaut intervienne bientôt, les forces de sécurité tentant, en vain, depuis le début de l'année, de reprendre aux insurgés des secteurs de la province d'Al-Anbar, à majorité sunnite.

Par ailleurs, les forces de sécurité se retrouveraient face à un énorme défi si elles devaient lancer cet assaut contre Fallouja, car l'opération provoquerait très vraisemblablement d'immenses dégâts à la ville et comporterait d'énormes risques pour la population civile.

Bombardements et combats ont commencé à 3 h du matin (20 h jeudi au Québec) dans et autour de cette ville située à 60 km à l'ouest de Bagdad, et se sont poursuivis durant plusieurs heures, faisant huit morts et neuf blessés, a indiqué un chef tribal.

Deux enfants ont été tués et deux autres blessés, a précisé Ahmed Shami, médecin en chef du principal hôpital de la ville.

Les violences dans la région de Fallouja ont été déclenchées fin décembre par le démantèlement à Ramadi (40 km plus à l'ouest), chef-lieu de la province d'Al-Anbar, d'un camp de protestataires sunnites antigouvernementaux, se plaignant d'être discriminés par les autorités dominées par les chiites.

Des membres de l'EIIL et des combattants de tribus antigouvernementales ont pris début janvier le contrôle de Fallouja, ainsi que de certains quartiers de Ramadi.

Et depuis, des heurts opposent ponctuellement forces irakiennes et insurgés dans les environs de Fallouja, tandis que la ville est le théâtre de bombardements réguliers, attribués par des habitants aux forces gouvernementales.

C'est la première fois que des insurgés prennent ouvertement le contrôle de villes importantes depuis la vague de violences confessionnelles de 2006-2007.

Dans d'autres violences vendredi, trois soldats ont été tués et deux autres blessés dans l'explosion d'une bombe près d'une patrouille de l'armée à Khales, au nord-est de Bagdad, selon un colonel de la police et un docteur.

Ces dernières violences interviennent alors que le décompte des votes des élections législatives du 30 avril, les premières depuis le départ des troupes américaines fin 2011, est toujours en cours.

Les autorités irakiennes imputent la violence qui touche l'ensemble du pays à des facteurs extérieurs, au premier rang desquels la guerre en Syrie voisine. Mais diplomates et analystes affirment que les violences sont surtout alimentées par la colère de la minorité sunnite, qui s'estime marginalisée et maltraitée par les autorités.