Au moins 13 personnes, dont six membres des forces de sécurité afghanes, ont été tuées jeudi dans un attentat suicide taliban dans le Panshir (nord de Kaboul), fief du candidat à la présidentielle Abdullah Abdullah, a indiqué un responsable local.

L'attaque, confirmée par le ministère afghan de l'Intérieur, s'est produite vers 17h00 (8h30, heure de Montréal) à l'entrée de cette province pauvre et montagneuse. «Un kamikaze a fait exploser son véhicule», a déclaré à l'AFP le chef de la police locale, Abdul Aziz Ghairat.

«Six membres des forces de sécurité, dont l'un faisait partie du NDS», les services secrets afghans, figurent parmi les victimes, de même que «sept civils», a-t-il ajouté, précisant que l'attentat avait également fait plusieurs blessés.

L'attaque a été revendiquée sur Twitter par les talibans, artisans d'une violente insurrection en Afghanistan depuis leur éviction du pouvoir en 2001 par une coalition militaire internationale menée par les Américains.

Le Panshir est considéré comme l'une des provinces les plus stables d'Afghanistan. Le mouvement essentiellement pachtoune des talibans n'est jamais parvenu à s'emparer de cette région peuplée majoritairement de Tadjiks, même lorsqu'il était au pouvoir à Kaboul de 1996 à 2001.

La vallée du Panshir, dont l'entrée est placée sous étroite surveillance policière, avait connu sa première attaque suicide en octobre 2011 (deux morts), avant une opération symbolique des rebelles islamistes contre le siège du gouverneur (un mort), fin mai 2013.

Cette province est le fief de l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, arrivé largement en tête du premier tour de l'élection présidentielle du 5 avril, avec 44,9% des voix, devant Ashraf Ghani (31,5%), un ancien économiste de la Banque mondiale, selon des résultats préliminaires publiés fin avril.

Ces résultats ouvrent la voie à l'organisation d'un second tour entre les deux hommes, qui pourrait avoir lieu le 7 juin.

L'élection désignera le successeur du président Hamid Karzaï, seul homme à avoir dirigé l'Afghanistan depuis la chute des talibans et à qui la Constitution interdit de briguer un troisième mandat.

Ce scrutin, première passation de pouvoir d'un président afghan démocratiquement élu à un autre, est considéré comme un test majeur pour ce pays pauvre de 28 millions d'habitants déchiré par trois décennies de guerre et qui plongera dans l'inconnu après le retrait des 51 000 soldats de l'Otan d'ici à la fin de l'année.