La Haute commission électorale irakienne est revenue dimanche sur sa démission collective, qui mettait en péril la tenue des élections législatives du 30 avril, sur fond de violences que les politiques semblent impuissants à juguler.

Ces violences ont fait plus de 2200 morts depuis le début de l'année. Et dimanche encore, au moins neuf personnes sont mortes dans des attentats.

Les membres de la Haute commission électorale irakienne (IHEC) avaient démissionné mardi pour protester contre des ingérences politiques et judiciaires contradictoires, mais leur démission n'avait pas encore été acceptée par le Parlement, et ils étaient restés en attendant à leurs postes.

Dimanche, les commissaires sont finalement revenus sur leur décision «après des discussions avec des organisations régionales et internationales», dont les Nations unies, a affirmé une source diplomatique à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat.

La chaîne de télévision publique Iraqiya, citant le commissaire Gaata al-Zobaie, a confirmé l'information.

Le représentant de l'ONU en Irak, Nickolay Mladenov, a salué le revirement de la commission dans un tweet.

L'IHEC protestait contre des décisions de justice et parlementaires contradictoires sur l'exclusion de candidats aux élections.

Une disposition de la loi électorale irakienne stipule que les candidats doivent avoir «une bonne réputation» pour se présenter.

S'appuyant sur cette clause, un comité de juges a invalidé plusieurs candidatures, dont celles des opposants au premier ministre Nouri al-Maliki comme l'ancien ministre des Finances Rafa al-Issawi, sans qu'une procédure d'appel ne soit possible.

Mais, interprétant différemment le texte, le Parlement a donné pour consigne à la commission de n'exclure que les candidats n'ayant pas un casier judiciaire vierge.

«Conformément à la loi, nous sommes tenus par les décisions de la justice et du Parlement, mais nous sommes devant une décision juridique qui veut exclure des candidats et une autre parlementaire qui nous ordonne de ne pas exclure des candidats», avait déclaré à l'AFP le porte-parole de la IHEC, Safa al-Moussaoui, lors de la démission de la commission.

M. Maliki, qui brigue un troisième mandat, avait mis en garde contre un report des élections: «Nous entrerons alors dans un tunnel dont nous pourrions ne pas sortir (...), les problèmes surgiront, l'un après l'autre», avait-il averti.

Crises à répétition 

Le premier ministre, régulièrement accusé d'accaparer le pouvoir, est fortement contesté par la minorité sunnite alors que le pays peine à reconstruire son économie et est miné par des crises politiques à répétition.

Les violences qui secouent l'Irak depuis l'invasion américaine de 2003 ont renoué avec les niveaux de 2008, lorsque le pays sortait difficilement d'une quasi-guerre civile opposant sunnites et chiites.

Outre le mécontentement de la minorité sunnite, ces violences sont alimentées par le conflit en Syrie.

Dimanche, un kamikaze a fait exploser sa voiture sur un pont essentiel de Ramadi, une ville située à une centaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad et dont certains quartiers sont tombés il y a plusieurs mois aux mains d'insurgés. Sept personnes sont mortes dans l'explosion.

Début janvier, des insurgés, des jihadistes et des hommes de tribus antigouvernementales se sont emparés de plusieurs zones de Ramadi et de la totalité de la ville voisine de Fallouja.

Si l'armée a repris l'essentiel de Ramadi, les insurgés tiennent encore Fallouja, dans la province d'al-Anbar, frontalière de la Syrie.

Dimanche y étaient organisées les funérailles d'un responsable du très radical groupe jihadiste de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), dont le corps avait été rapatrié de Syrie, selon un responsable de sécurité et des témoins.

Plus au nord, deux officiers de police ont été tués par l'explosion d'une bombe sur la route au passage de leur véhicule à Tikrit.