Israël a annoncé avoir intercepté mercredi en mer Rouge un navire transportant «une cargaison iranienne d'armes sophistiquées» destinées à des groupes armés palestiniens à Gaza, le premier ministre Benjamin Netanyahu y voyant la preuve de la menace représentée par Téhéran.

Auparavant, l'armée israélienne avait affirmé avoir blessé deux membres du Hezbollah qui plaçaient un engin explosif sur le Golan, attisant la tension avec le parti chiite libanais allié de l'Iran, visé la semaine dernière par un raid attribué à Israël.

«Au moment où il parle avec les grandes puissances mondiales, l'Iran sourit et dit toutes sortes de choses agréables, mais ce même Iran envoie des armes meurtrières aux organisations terroristes», a accusé M. Nétanyahou, en campagne aux États-Unis pour le maintien des sanctions contre Téhéran, engagé dans des négociations avec les grandes puissances sur son programme nucléaire controversé.

«Nous continuerons à faire tout ce qui est nécessaire pour défendre les citoyens israéliens», a-t-il prévenu.

Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Amir Abdolahian a démenti les allégations israéliennes.

Le porte-parole de la Maison-Blanche Jay Carney a pour sa part révélé que l'armée et les services de renseignement américains avaient collaboré avec Israël pour repérer le navire en Mer Rouge.

Selon le porte-parole de l'armée israélienne Peter Lerner, «les forces israéliennes ont arraisonné dans les eaux internationales entre le Soudan et l'Erythrée un cargo qui transportait une cargaison d'armes iraniennes à destination de la bande de Gaza».

«L'équipage du navire, le Klos-C, qui battait pavillon panaméen, n'a pas opposé de résistance», a-t-il précisé.

«Des dizaines de missiles sol-sol M-302 de fabrication syrienne ont notamment été trouvés», a-t-il ajouté.

Selon l'armée, les renseignements militaires avaient identifié «il y a plusieurs mois» des transferts de l'aéroport de Damas à Téhéran de ces missiles d'une portée d'une centaine à 200 km, selon les modèles, soit davantage que ceux utilisées jusqu'à présent par les groupes armés de Gaza.

De Téhéran, la cargaison a ensuite été chargée à un port iranien sur le Klos-C, qui a ensuite gagné un port irakien «où il a embarqué d'autres conteneurs de sacs de ciment afin de parachever le camouflage», selon la même source.

Armes destinées au Jihad islamique

Lors de l'interception, dont l'armée a diffusé des photos et des vidéos, le cargo se dirigeait vers Port-Soudan, d'où les armes auraient été acheminées par voie terrestre vers Gaza via la péninsule égyptienne du Sinaï, selon la même source.

Le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a affirmé lors d'une conférence de presse que ces armes étaient destinées au mouvement radical Jihad islamique, «le bras armé de l'Iran dans la bande de Gaza».

Le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé dans un communiqué qu'Israël avait porté plainte contre l'Iran auprès du Conseil de sécurité de l'ONU.

Un responsable du Jihad islamique a démenti à l'AFP «toute implication du mouvement, qui a bien d'autres moyens de se procurer des armes».

Le porte-parole du gouvernement du mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza, Ihab al-Ghussein, a lui dénoncé dans une déclaration à l'AFP «des délires et des mensonges» d'Israël.

Par ailleurs plusieurs commentateurs israéliens notamment de la «10», une télévision privée, se sont interrogés sur le moment choisi pour annoncer cet arraisonnement. Ils ont laissé entendre que l'opération aurait été synchronisée avec le voyage de Benyamin Nétanyahou aux États-Unis sans tenir compte du fait que les bâtiments de la marine israélienne se trouvent encore à 1500 km des côtes israéliennes ce qui pourrait mettre en danger leur équipage.

L'armée israélienne a également affirmé avoir déjoué une attaque du Hezbollah.

«Deux terroristes affiliés au Hezbollah ont été identifiés alors qu'ils tentaient de placer un engin explosif» près de la ligne de démarcation sur le Golan, a-t-elle annoncé.

L'armée syrienne a accusé pour sa part les militaires israéliens d'avoir «tiré quatre roquettes à partir du Golan occupé contre une école et une mosquée à Al-Hamidiyé», dans la partie du plateau sous contrôle syrien, puis des obus de char et à la mitrailleuse, «blessant sept membres des forces de sécurité intérieure et quatre civils.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a protesté auprès de l'ONU et demandé une condamnation d'Israël.

Photo: AFP