Quelque 37 combattants talibans présumés écroués à la prison de Bagram vont être libérés «très prochainement», ont indiqué lundi les autorités afghanes, malgré les protestations de l'armée américaine en Afghanistan selon laquelle ces prisonniers sont «dangereux».

Ces libérations interviendront en application d'une décision de la présidence afghane, qui avait annoncé le 9 janvier que 72 détenus, sur 88 dossiers de talibans présumés étudiés, seraient libérés, faute de «preuves» suffisantes à leur encontre.

Ces 37 premières libérations seront effectives le temps que soient bouclées les formalités administratives, ce qui pourrait prendre «une à deux semaines», a expliqué à l'AFP un responsable de la Commission de révision de la prison de Bagram, Abdul Shukur Dadras.

«Leur destin est scellé», a-t-il dit. «Ils seront libérés très prochainement, conformément à la législation afghane».

L'annonce de ces libérations a été aussitôt condamnée par la force américaine en Afghanistan (USFOR-A). La Commission de révision de Bagram «relâche dans la société de dangereux insurgés qui ont du sang sur les mains», selon un communiqué.

«Sur les 37 détenus qui vont être libérés, 17 sont liés à la fabrication ou à des attaques avec des engins explosifs artisanaux». La force américaine ajoute que quatre prisonniers sont également impliqués dans des attaques ayant blessé ou tué 42 soldats de l'OTAN.

Ces libérations constituent un «revers majeur pour l'instauration de l'état de droit en Afghanistan», insiste la force américaine.

Elles pourraient en outre crisper encore davantage les relations entre Kaboul et Washington au moment où les États-Unis tentent de convaincre le président Hamid Karzaï de signer un traité de sécurité bilatéral (BSA).

Cet accord, que les Américains veulent voir bouclé au plus vite, doit définir les modalités d'une présence militaire américaine en Afghanistan après 2014, lorsque la mission de combat de l'OTAN aura pris fin.

Le contrôle de l'essentiel de la prison de Bagram, baptisée la «Guantanamo d'Orient», a été transmis aux autorités afghanes par les États-Unis en mars dernier lors d'une cérémonie en présence du président Karzaï, qui avait présenté l'événement comme un symbole des efforts de l'Afghanistan pour retrouver sa souveraineté nationale.