Les autorités iraniennes ont arrêté un célèbre chanteur «pop» et plusieurs internautes, ont rapporté mercredi les médias iraniens.

Le général Massoud Zahedian, chef de la police des moeurs, a confirmé l'arrestation du chanteur Amir Tatalou, originaire de Téhéran et âgé de 30 ans, en ajoutant qu'«il avait été remis à la justice», selon le quotidien réformateur Etemad.

«La télévision (officielle) et le ministère de la Culture gèrent les activités de ces artistes et les musiciens clandestins doivent arrêter leur travail et se remettre dans le cadre légal et réellement artistique», a ajouté le colonel Zahedian, cité par l'agence Isna.

Selon Etemad, il a été arrêté pour des questions «liées à la sécurité».

De nombreux messages de soutien ont été publiés sur la page Facebook consacrée au chanteur, qui compte près de 570 000 fans.

«C'est quoi ces histoires sur son arrestation? Je veux mon Amir, ou je me suicide», a écrit une fan, Frina Linson.

Les groupes musicaux iraniens ne peuvent se produire ni vendre de disques sans autorisation gouvernementale. Les autorités visent notamment les chanteurs iraniens dont la musique est ensuite diffusée sur les chaînes de télévision satellitaires basées à l'étranger.

Le réalisateur iranien Bahman Ghobadi avait évoqué la vie des groupes de rock alternatifs dans son film Les chats persans, primé à Cannes en 2009.

L'agence Fars a en outre annoncé l'arrestation à Kerman (sud) de «plusieurs internautes» par les services de renseignement des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime islamique.

Ces internautes «avaient des liens avec des étrangers dans le cadre d'un réseau complexe (...) et avaient commis des délits», selon cette source.

Selon Etemad, sept personnes travaillant pour le site internet «Orange» ont été arrêtées. «Aucune explication n'a été donnée sur les raisons de ces arrestations», affirme le journal.

Le nouveau président iranien Hassan Rohani, élu en juin avec le soutien des réformateurs et modérés, a promis plus de liberté, mais il doit faire face à la résistance des conservateurs qui contrôlent de nombreux organes du pouvoir.

Mort d'un blogueur: la plainte pour «meurtre prémédité» rejetée

La justice iranienne a rejeté la plainte déposée contre un policier pour «meurtre prémédité» dans l'affaire de la mort en détention du blogueur Sattar Beheshti en 2012, ont rapporté mercredi les médias citant l'avocate de la famille de la victime.

M. Beheshti, âgé de 35 ans, avait été arrêté le 30 octobre 2012 pour avoir critiqué le régime iranien sur l'internet. Il avait été retrouvé mort dans sa cellule le 3 novembre, selon la justice iranienne.

Le parquet de Téhéran avait indiqué que sa mort était «probablement due à un choc provoqué par un ou plusieurs coups sur les parties sensibles du corps, ou à des pressions psychologiques extrêmes».

La justice estime qu'il s'agit d'un «meurtre non prémédité», ce que contestait l'avocate.

«Le tribunal a rejeté ma plainte pour meurtre prémédité et le dossier a été fermé», a déclaré l'avocate, Guiti Pourfazel.

«Je n'ai pas accepté pour l'instant de présenter une plainte pour meurtre non prémédité. Je dois consulter mon client», a-t-elle ajouté.

L'accusation de «meurtre non prémédité» permet à un suspect de bénéficier d'une liberté sous caution dans l'attente de sa condamnation, a précisé l'avocate, soulignant que la peine maximum encourue est le paiement du prix du sang (diyeh), évalué à 1,26 milliard de rials (40 000 $ environ).

Les médias n'ont pas précisé si le policier était actuellement en détention.

Le chef de la commission de la Sécurité nationale et des Affaires étrangères du Parlement, Allaeddine Boroujerdi, avait déclaré pendant l'enquête que Sattar Beheshti avait été «très certainement» frappé en prison.

«Très certainement, il a été frappé lors de sa détention par la cyberpolice même si les médecins légistes ont affirmé que la mort de Sattar Beheshti n'était pas due aux coups, mais à un choc et à la peur», a déclaré M. Boroujerdi.

Selon Amnistie Internationale, le blogueur pourrait être décédé des suites de tortures après avoir porté plainte contre des sévices dont il était victime.

Le chef du bureau de cybercriminalité de Téhéran avait été plus tard limogé «pour négligence, faiblesse et non-contrôle suffisant de son personnel».

Des experts de l'ONU et plusieurs pays occidentaux ont demandé au gouvernement iranien de faire toute la lumière sur cette affaire.