Au moins 28 personnes ont péri dimanche dans des attaques en Irak, où les violences ont fait près de 950 morts le mois dernier malgré les mesures de sécurité renforcées prises par les autorités.

La multiplication d'attaques particulièrement sanglantes depuis le début de l'année fait craindre un retour au niveau de violences de 2006-2007 lorsqu'un conflit dévastateur entre chiites et sunnites avait fait des dizaines de milliers de morts.

Elles ont poussé les autorités irakiennes, qui semblent impuissantes face à l'effusion de sang, à demander notamment l'aide des États-Unis pour y mettre un terme. Mais la réaction de la communauté internationale est restée jusqu'ici très timide.

Depuis le début de l'année, plus de 6100 personnes sont mortes dans les attaques, selon des chiffres officiels.

Dimanche encore, un kamikaze s'est fait exploser lors des funérailles du fils d'un chef tribal membre des milices anti-Qaïda, Mouzher al-Shallal al-Araki, tué dans un attentat samedi au nord de Bagdad, selon des responsables.

Douze personnes ont été tuées et 45 personnes blessées dans l'explosion survenue dans un cimetière du village de Wajihiyah, près de Baqouba.

Le père de l'homme tué était un chef des milices anti-Qaïda, les Sahwa, crées en 2006. Les Sahwa ont été recrutés à l'origine par l'armée américaine pour combattre Al-Qaïda dans les régions sunnites et assurer la protection des oléoducs qui traversent les zones tribales sunnites, notamment dans l'ouest du pays.

Considérés comme des traîtres par les insurgés sunnites, les miliciens sont régulièrement la cible d'attaques et d'attentats.

Un double attentat à Saadiyah, une ville située comme Wajihiyah dans la province de Diyala, a par ailleurs tué cinq personnes, tandis que des violences à Bagdad et dans les villes majoritairement sunnites de Fallouja, Abou Ghraib, Mossoul et Hawija faisaient 11 morts, selon des responsables.

Mesures inadéquates

Ces nouvelles attaques interviennent alors que les ministères de la Santé, de l'Intérieur et de la Défense ont publié dimanche le bilan des violences du mois de novembre: au total, 948 personnes - 852 civils, 53 policiers et 43 soldats - ont péri dans des attaques.

Ce bilan est légèrement en baisse par rapport à celui d'octobre, où 964 personnes avaient perdu la vie. Ce mois était le plus meurtrier en Irak depuis avril 2008.

Les attentats visent indifféremment policiers, militaires ou civils, cafés, mosquées, terrains de football ou restaurants...

Des dizaines de cadavres ont été découverts dans des charniers ces dernières semaines, rappelant encore une fois les violences ayant ensanglanté le pays après l'invasion menée par les États-Unis en 2003 et qui avait abouti au renversement du président Saddam Hussein.

Les autorités irakiennes se disent particulièrement inquiètes de la résurgence de groupes liés à Al-Qaïda, enhardis par le conflit en Syrie voisine, et accusent des insurgés sunnites liés au réseau extrémiste de la plupart des attentats.

Elles tentent de mettre en place des mesures - limiter la circulation dans Bagdad, inviter les propriétaires de cafés, particulièrement visés, à instaurer de nouvelles normes de sécurité... - mais les violences continuent.

Abou Mohammed, un propriétaire de magasin dans le centre de Bagdad, a jugé inadéquates les mesures prises par les autorités. «Des mesures plus sévères doivent être mises en place autour de la cité plutôt que d'installer des barrages routiers à l'intérieur de la ville».

Analystes et diplomates étrangers s'accordent à dire que le gouvernement ne parvient pas à gérer la frustration de la minorité sunnite, qui s'estime discriminée par le gouvernement de Nouri al-Maliki dominé par les chiites.

La paralysie de l'appareil politique, due en grande partie aux différends entre sunnites et chiites, associée à une corruption endémique, contribue aussi à alimenter l'instabilité, à quelques mois des élections législatives du 30 avril.

Dans un communiqué dimanche, le représentant du secrétaire général de l'ONU pour l'Irak, Nickolay Mladenov, a appelé les autorités irakiennes «à prendre d'urgence des mesures pour retrouver et punir les responsables de ces crimes et pour assurer la sécurité de tous les citoyens».