Les cadavres de 28 personnes tuées par balles ou égorgées ont été retrouvés vendredi en Irak, rappelant les violences confessionnelles ayant ensanglanté le pays après l'invasion menée par les États-Unis en 2003.

Tôt vendredi, 18 cadavres portant des traces de balles à la tête et à la poitrine ont été retrouvés dans la province de Salaheddine, au nord de Bagdad, où deux autres charniers avaient déjà été découverts.

Mercredi, 19 corps de personnes tuées par balles avaient été découverts dans deux charniers et une maison à Bagdad.

Au plus fort du conflit confessionnel, de nombreux charniers avaient été découverts à travers l'Irak. Les fantômes de ces violences, qui s'additionnent aux 6000 personnes tuées dans des attaques et des attentats depuis le début de l'année, font craindre un retour aux atrocités des années 2006-2007.

Les 18 hommes retrouvés morts au nord de Bagdad avaient été enlevés quelques heures auparavant par des hommes en uniformes militaires, et leurs corps ont été retrouvés dans une zone agricole à l'abandon près de Tarmiya, ont expliqué des responsable médicaux et de sécurité.

Deux chefs tribaux, quatre policiers et un commandant de l'armée figurent parmi les victimes.

Couleurs de l'armée

Les ravisseurs, qui se déplaçaient dans des véhicules aux couleurs de l'armée, avaient expliqué aux familles des victimes que ces dernières devaient être interrogées dans le cadre de diverses enquêtes, selon les mêmes sources.

Un autre charnier a été découvert dans la province de Salaheddine, avec sept corps d'hommes égorgés. Les sept victimes travaillaient comme agents d'entretien ou jardiniers sur un terrain de football local.

Un officier de police présent sur les lieux a confié à l'AFP s'être senti physiquement malade à la vue des corps mutilés.

Trois autres corps, tous de femmes, ont également été découverts dans l'est de Bagdad, portant des traces de torture et d'impacts de balles à la tête, ont indiqué des responsables ajoutant que les victimes ont probablement été tuées vendredi.

Ailleurs dans le pays, 24 personnes sont mortes dans des attaques à Bagdad, ainsi qu'au nord de la capitale dans les régions de Mossoul, Baqouba et Kirkouk, selon des responsables. Cinq de ces victimes ont péri dans un attentat sur un terrain de football et six autres dans une attaque armée contre maison close.

La capitale et les régions à majorité sunnite du nord et de l'ouest de l'Irak payent le plus lourd tribut aux violences quasi-quotidiennes qui frappent le pays. En novembre, au moins 600 personnes en sont mortes - selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources médicales et officielles - dont plus de 200 depuis le début de la semaine.

Autorités et experts s'inquiètent de cette recrudescence, en particulier à l'approche des élections législatives prévues fin avril dans un pays où les violences n'ont pas connu de répit depuis l'invasion menée par les États-Unis en 2003.

D'autant que les partis, largement fondés sur des divisions tribales et confessionnelles plus que sur l'idéologie, pourraient vouloir séduire leurs bases, détériorant encore plus les relations entre communautés sunnite et chiite.

«Pour l'instant, tout ce que j'ai pu observer a mené à des positions plus tranchées, et non pas plus modérées», expliquait récemment un diplomate occidental sous le couvert de l'anonymat.

La paralysie de l'appareil politique, due en grande partie aux différends entre sunnites et chiites, associée à une corruption endémique, contribue à alimenter l'instabilité, de même que la guerre en Syrie voisine qui a, selon des experts, enhardi les groupes liés au réseau extrémiste sunnite Al-Qaïda.

Face à la situation, le gouvernement du chiite Nouri al-Maliki mène depuis plusieurs mois des opérations militaires pour lutter contre l'insurrection mais sans résultat tangible. M. Maliki a été contraint de demander l'aide à la communauté internationale, et en particulier aux États-Unis, dont les troupes ont quitté le pays en décembre 2011.