Au moins 35 personnes sont mortes lundi dans des attaques en Irak, emporté depuis le début de l'année dans une spirale de violences particulièrement sanglantes qui a conduit la France à proposer son aide en terme d'armement et de formation.

Les attaques ont frappé surtout la capitale et des secteurs à majorité sunnite du nord de l'Irak, les deux régions les plus visées par cette flambée de violences ayant tué plus de 5900 personnes depuis janvier, dont au moins 500 depuis début novembre.

L'attaque la plus meurtrière a visé dans la soirée à une heure de grande affluence un marché du quartier de Sadriyah, dans le centre de Bagdad, faisant au moins 16 morts et 36 blessés, ont rapporté des sources médicale et policière.

Ce marché avait été fermé à la circulation automobile après un attentat à la voiture piégée ayant fait 140 morts en avril 2007.

Dans un secteur de la périphérie nord-est de la capitale, une attaque à la voiture piégée contre un commissariat a tué quatre policiers tandis qu'une bombe a fait un mort et quatre blessés parmi des miliciens sunnites des Sahwa.

Ces milices ont été recrutées en 2006 par l'armée américaine pour combattre le réseau extrémiste sunnite Al-Qaïda et assurer la protection des oléoducs qui traversent les zones tribales sunnites.

Toujours à Bagdad, trois personnes ont été tuées dans d'autres attaques distinctes, dont un employé du ministère de la Justice.

À Mossoul (nord), cinq personnes ont péri dans un attentat à la voiture piégée dans un secteur résidentiel de l'ouest de la ville, tandis que l'explosion d'une bombe magnétique placée sur une voiture a tué son conducteur.

Une autre voiture bourrée d'explosifs a frappé un point de contrôle mixte de l'armée irakienne et des forces de sécurité kurdes, tuant deux combattants kurdes et un soldat de l'armée irakienne.

Dans la ville de Baqouba, au nord de Bagdad, un homme a été tué par une bombe magnétique fixée sur sa voiture.

Dans la seule attaque enregistrée au sud de la capitale, un ancien député a été assassiné chez lui. Jamal Mohsen, un ex-parlementaire arabe sunnite de la ville à majorité chiite de Nassiriya, a été tué par balle dans sa maison à la périphérie de la ville.

La France propose son aide

Des experts craignent une accélération des attaques à l'approche des élections législatives prévues fin avril, dans un pays déjà endeuillé par des violences quasi-quotidiennes depuis l'invasion conduite par les États-Unis en 2003.

La paralysie de l'appareil politique, due en grande partie aux différends entre sunnites et chiites, associée à une corruption endémique, contribue à alimenter l'instabilité, de même que la guerre en Syrie voisine qui a, selon des experts, enhardi les groupes liés à Al-Qaïda.

L'Irak a renoué avec les niveaux de violences de 2008 lorsque le pays sortait d'un conflit particulièrement sanglant entre chiites et sunnites.

Face à cette situation, la France a proposé lundi à l'Irak des armes, des formations et une coopération dans le domaine du renseignement.

«Nous sommes (...) absolument disposés à aider l'Irak dans sa lutte contre le terrorisme, en termes d'équipements, de formation, de renseignements, de soins aux blessés», a déclaré l'ambassadeur de France à Bagdad, Denys Gauer, dans un discours à l'occasion de la visite d'une délégation commerciale française.

«C'est un domaine supplémentaire dans lequel nous sommes totalement ouverts pour coopérer avec les autorités irakiennes et répondre à leurs besoins», a-t-il ajouté.

Interrogé après son discours pour savoir si l'aide proposée incluait des ventes d'armes, M. Gauer a répondu: «Oui, oui, bien sûr».

L'Irak a récemment appelé la communauté internationale à l'aider à faire face à la montée des violences. Washington a promis de lutter avec les autorités irakiennes contre Al-Qaïda, tandis qu'Ankara a proposé une assistance.