Un dirigeant du parti du président palestinien Mahmoud Abbas a dénoncé lundi un projet de loi israélien qui empêcherait pratiquement toute concession sur Jérusalem, texte contre lequel la ministre responsable des négociations Tzipi Livni a intenté un recours.

Mme Livni, également ministre de la Justice, a engagé cette procédure après avoir été mise en minorité dimanche soir lors d'un vote de la commission ministérielle sur la législation qui a approuvé le projet, a indiqué à l'AFP sa porte-parole Maya Bengel.

«Ce gouvernement extrémiste tente de faire échouer les négociations depuis qu'elles ont commencé. Ce n'est qu'un obstacle de plus», a déclaré à la radio officielle Voix de la Palestine Jamal Mheissen, un responsable du Fatah, le mouvement de M. Abbas.

Le texte dispose qu'aucune négociation sur le statut de Jérusalem, une des questions les plus épineuses du conflit israélo-palestinien, ne pourra se tenir avant l'accord préalable de deux tiers, soit 80, des 120 députés de la Knesset (Parlement).

«Étant donné qu'il y a eu des cas dans lesquels ont commencé des discussions sur la cession de parties de la ville, il est nécessaire d'adopter une loi qui ne permettra même pas la possibilité d'envisager cette option», selon le texte.

Le premier ministre Benyamin Nétanyahou, dont le gouvernement a repris depuis fin juillet des pourparlers de paix avec les Palestiniens sous l'égide des États-Unis, est opposé au projet de loi, selon les médias.

En raison du recours de Mme Livni, le projet de loi devra être directement examiné en Conseil des ministres, où ses chances d'approbation sont considérablement réduites, car la décision de le soumettre au vote dépend du seul chef du gouvernement, explique le quotidien Maariv.

Maariv a par ailleurs rapporté la semaine dernière que les pourparlers, sur lesquels les États-Unis ont imposé aux deux parties un «black-out» médiatique, étaient au bord de l'effondrement, en raison de positions inconciliables sur les frontières.

Le département d'État américain s'est déclaré jeudi «en désaccord avec une série d'informations de presse qui affirment que les négociations ne se tiennent plus ou sont bloquées».

Israël considère Jérusalem comme sa capitale «unifiée et indivisible». Mais la communauté internationale ne reconnaît pas l'annexion en 1967 de la partie orientale de la ville, où les Palestiniens veulent établir la capitale de l'État à laquelle ils aspirent.

Quelque 200 000 Israéliens habitent dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, où vivent plus de 280 000 Palestiniens.

Les colonies israéliennes «entravent» les pourparlers de paix

Par ailleurs, le développement des colonies israéliennes en territoire palestinien «entrave» les pourparlers de paix, a regretté lundi la présidente de la Lituanie dont le pays assure la présidence semestrielle de l'UE.

Dalia Grybauskaite «a appelé Israël à mettre un terme au développement de colonies dans les territoires occupés» après un entretien avec le président palestinien Mahmoud Abbas à Vilnius, soulignant que «l'Union européenne ne reconnaît pas ces colonies comme faisant partie d'Israël».

«De telles actions menées par Israël entravent le progrès des pourparlers de paix», a-t-elle estimé dans un communiqué publié sur son site internet.

Les mises en chantier dans les colonies israéliennes en territoire palestinien ont grimpé de 70 % au premier semestre 2013, selon l'ONG La Paix Maintenant.

Le processus de paix est «une opportunité historique» qui «doit se poursuivre», a affirmé Mme Grybauskaite. «L'Union européenne soutient fermement une solution à deux États, qui permettrait à Israël et à la Palestine de vivre côte à côte dans la paix et la sécurité», a-t-elle ajouté.

Lors d'une visite à Berlin vendredi, M. Abbas a jugé «illégales» ces constructions israéliennes et demandé au gouvernement israélien de «stopper ces activités».

Le négociateur palestinien Saëb Erakat, qui mène des pourparlers de paix avec Israël, relancés fin juillet sous l'égide des États-Unis, a accusé jeudi le gouvernement israélien de Nétanyahou de «détruire le processus de paix».

La chancelière allemande Angela Merkel a, de son côté, appelé Israël à la «retenue» dans le développement de ces colonies, après avoir reçu vendredi M. Abbas.