Douze fidèles ont été tués mardi dans un attentat à la sortie d'une mosquée de Kirkouk, dans le nord de l'Irak, au premier jour de l'Aïd al-Adha, la plus importante fête musulmane, alors que les violences s'intensifient depuis des mois.

D'autres attaques dans les provinces de Kirkouk, de Ninive et de Bagdad ont également fait trois morts et trois blessés, selon des responsables.

Dans la ville de Kirkouk, la bombe qui a explosé à 07H55 (00H00, heure de Montréal) au milieu d'une foule de fidèles devant la mosquée sunnite Al-Qods dans le sud de cette ville multicommunautaire a fait 12 morts et 26 blessés, selon la police et un médecin.

Après l'attentat, des corps en sang ont été évacués à bord d'un petit pick-up de la police et des flaques de sang maculaient la chaussée, selon un photographe de l'AFP.

«Que Dieu se venge des malveillants!», criaient des fidèles en colère.

La ville pétrolière de Kirkouk est le chef-lieu d'une province éponyme, mosaïque ethnique et confessionnelle où cohabitent Kurdes, Arabes et Turcomans, sunnites et chiites, et qui est souvent le théâtre de violences.

À l'occasion de la fête de l'Adha, l'émissaire de l'ONU Nickolay Mladenov avait appelé lundi à l'unité en Irak: «Pour cette occasion et en ce moment crucial, je voudrais plaider pour l'unité et la compréhension parmi tous les Irakiens et leurs dirigeants politiques, religieux et civils».

Le pays connaît depuis le début de l'année un regain de violences, sur fond d'impasse politique qui pourrait, selon des experts, se prolonger jusqu'aux élections législatives prévues en 2014.

Les attentats sont quotidiens et les bilans des quatre derniers mois renouent avec le niveau de violences de 2008, lorsque le pays sortait difficilement d'une quasi-guerre civile entre sunnites et chiites, avec des bilans mensuels oscillant désormais entre 800 et 1000 morts, et ce en dépit des opérations - parmi les plus importantes depuis le retrait en 2011 des troupes américaines - menées ces deux derniers mois par les forces de sécurité.

Pour le mois de septembre, l'ONU a fait état d'un bilan de près d'un millier de morts et plus de 2100 blessés et sa mission en Irak a lancé une mise en garde contre une spirale «infernale» de représailles entre sunnites et chiites.

Quasiment aucun lieu ou événement susceptibles d'attirer les foules n'est à l'abri des violences en Irak. Les mosquées, les terrains de football, les mariages, les enterrements et même des endroits ultra-sécurisés comme les prisons sont régulièrement pris pour cible.

Les attentats de mardi portent à plus de 310 le nombre de morts depuis début octobre, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources policières et médicales. Le chiffre des décès causés par les violences a dépassé les 5000 depuis le début de l'année.

Pour les spécialistes, la recrudescence des violences vise à alimenter le conflit confessionnel et à déstabiliser le pays, 10 ans après l'invasion américaine qui a renversé le président Saddam Hussein.

Elle coïncide avec un mécontentement croissant de la minorité sunnite, au pouvoir sous Saddam Hussein, à l'encontre du gouvernement dominé par les chiites, accusé en particulier de multiplier les arrestations arbitraires.

L'ONU et de nombreux diplomates ont appelé le gouvernement du premier ministre chiite Nouri al-Maliki à adopter des réformes pour éviter de marginaliser davantage les sunnites, au risque de favoriser leur recrutement par les groupes extrémistes.

Et la paralysie de l'appareil politique, associée à une corruption endémique et à une défaillance des services publics, contribuent à alimenter l'instabilité dans le pays.