L'ancien chef de guerre afghan Abdul Rasul Sayyaf, considéré comme l'un des mentors du cerveau des attentats du 11-Septembre, s'est porté jeudi candidat à la présidentielle d'avril en Afghanistan.

M. Sayyaf, barbe blanche, longue chemise et turban traditionnel pachtoune, a déposé sa candidature à la Commission électorale indépendante (IEC) de Kaboul accompagné de près de 200 sympathisants, selon un journaliste de l'AFP sur place.

«Nous ne sommes pas ici pour servir nos intérêts personnels. Nous sommes ici pour soigner les maux de l'Afghanistan», a-t-il déclaré, entouré de ses deux candidats aux postes de vice-présidents: Mohammad Ismail Khan, un ancien chef de guerre tadjik, et Abdul Wahab Erfan, un ancien sénateur ouzbek.

«Nous oeuvrerons pour l'unité nationale, pour rassembler tous les groupes ethniques de ce pays», a-t-il ajouté, sous les applaudissements de ses partisans qui ont ponctué ses interventions de cris «Allah akbar!» («Dieu est grand»).

M. Sayyaf est l'un des plus célèbres chefs de guerre afghan. Ce Pachtoune réputé proche de l'Arabie saoudite s'était illustré lors de la guerre contre l'occupation soviétique (1979-1989), avant de rejoindre l'Alliance du Nord du commandant tadjik Ahmad Shah Massoud pendant la guerre civile (1992-1996).

Les milices contrôlées par M. Sayyaf avaient été mises en cause dans un rapport de l'ONU pour le massacre de centaines de Hazaras chiites à Kaboul en 1993.

M. Sayyaf est également présenté dans le rapport de la commission américaine sur le 11-Septembre comme le «mentor» de Khaled Cheikh Mohammed, cerveau autoproclamé des attentats de 2001, à qui il aurait en outre fourni un «entraînement militaire».

Ces éléments de son passé, mais aussi ses positions conservatrices sur les droits des femmes, rendent sa candidature «préoccupante», a déclaré à l'AFP un diplomate occidental sous le couvert de l'anonymat.

M. Sayyaf est la deuxième personnalité politique de poids à avoir déposé sa candidature pour la présidentielle, après Abdullah Abdullah, ancien ministre des Affaires étrangères qui avait talonné Hamid Karzaï lors de la dernière élection en 2009.

Les candidats ont jusqu'à dimanche pour déposer leur dossier.

La présidentielle aura lieu le 5 avril dans un contexte d'incertitudes alimenté par les violences persistantes dans le pays et le départ prévu fin 2014 des 87 000 soldats de l'OTAN.

Elle désignera le successeur de M. Karzaï, seul homme à avoir dirigé le pays depuis la chute en 2001 des talibans, qui mènent depuis une violente insurrection contre les forces nationales afghanes et leurs alliés de l'OTAN.

M. Karzaï ne peut briguer un troisième mandat, selon la Constitution.

Le scrutin sera observé avec attention par la communauté internationale qui craint une réédition de la présidentielle de 2009, marquée par les fraudes et les violences commises par les rebelles.

Les insurgés ont déjà endeuillé l'élection en assassinant le chef de la Commission électorale pour la province de Kunduz (nord), le 18 septembre.