Le gouvernement yéménite a annoncé vendredi qu'une enquête avait été ouverte sur des informations faisant état de la mort d'une fillette de huit ans qui aurait été violée par son époux de 40 ans.

Le gouvernement a créé une commission chargée de «vérifier les informations faisant état de la mort de cette fillette, Rawan, après avoir été mariée à un homme plus vieux», a annoncé à l'AFP le porte-parole du gouvernement Rajeh Badi.

«Le crime n'est pas encore avéré. C'est le travail de la commission de vérifier s'il a bien eu lieu», a-t-il ajouté, précisant que la police n'avait pas rapporté l'incident.

La commission devrait finir l'enquête d'ici samedi, a également dit le porte-parole.

Selon le Centre yéménite pour les droits de l'homme, l'enfant, Rawan, est décédée d'une hémorragie interne dans une chambre d'hôtel de la ville d'Al Hardh, des suites de son viol, sous couvert de nuit de noces, par un quadragénaire saoudien, auquel son beau-père l'avait cédée.

L'homme, qui avait payé l'équivalent de 2000 euros (2750 $) pour cette union, n'a pas été inquiété par la justice, selon le Centre. Les autorités locales ont toutefois dénié la véracité de ces faits.

Le défenseur des droits de l'homme et président de l'organisation d'aide aux enfants Siyaj, Ahmed al-Quraishin, a affirmé que des militants s'étaient rendus dans la province où le crime présumé a eu lieu et avaient réuni des informations confirmant les faits.

«Nous (...) sommes pratiquement sûrs de la mort de cette fillette, et pensons que les autorités essaient d'étouffer l'affaire», a-t-il expliqué à l'AFP.

Selon M. Quraishin, des habitants de Meedi ont affirmé aux militants qu'ils avaient entendu la fillette dire qu'elle allait être mariée à un homme d'une quarantaine d'années.

Des habitants ont également dit qu'elle avait disparu peu après, ainsi que sa famille, a-t-il ajouté.

Mais un responsable de la sécurité dans la région a affirmé aux militants venus enquêter que Rawan et son père étaient détenus par la police, sans donner plus de détails, selon M. Quraishi.

Les militants ont également découvert que le père a une autre fille, âgée de 10 ans, également mariée.

L'UE fait pression sur Sanaa

La représentante de l'UE pour la diplomatie, Catherine Ashton, a appelé vendredi le Yémen à interdire les mariages d'enfants après des informations sur la mort d'une fillette de huit ans violée par son «époux» de 40 ans.

S'affirmant «consternée» par les informations disponibles, Mme Ashton a demandé aux autorités yéménites d'enquêter «sans délai» sur cette affaire.

«J'appelle le gouvernement yéménite à respecter ses obligations internationales» en matière de protection des droits des enfants «et à réinstaurer immédiatement une loi imposant un âge minimum pour le mariage», a-t-elle ajouté.

Elle a souligné qu'il incombait au Yémen «de mettre en place un cadre législatif pour empêcher des pratiques qui constituent des violations flagrantes des droits de l'homme et peuvent donner lieu à des crimes horribles».

Après plusieurs affaires de mariage de fillettes ayant secoué l'opinion locale et internationale, le Yémen avait prévu de fixer à 17 ans l'âge légal pour une union, mais ce garde-fou n'a finalement pas été mis en place sous pression des factions traditionalistes et islamistes.

L'ONG Human Rights Watch a affirmé mercredi que 14 % des filles yéménites étaient mariées avant leur 15e anniversaire, et 52 % étaient mariée avant 18 ans, selon les données de l'ONU et du Yémen datant de 2006.