Les munitions non explosées abandonnées par les troupes de l'OTAN en Afghanistan au fur et à mesure qu'elles se retirent du pays sont à l'origine d'un nombre croissant de morts de civils, a affirmé dimanche une agence de l'ONU.

Depuis 2008, 53 civils afghans, dont une majorité d'enfants, ont été tués ou blessés par des munitions abandonnées autour de bases de la Force internationale de l'OTAN en Afghanistan (Isaf), ou sur des champs de tir, a indiqué à l'AFP Mohammad Sediq Rashid, directeur du Centre de coordination contre les mines, une agence des Nations unies.

L'ensemble des munitions non explosées abandonnées en Afghanistan --celles de l'OTAN, mais aussi celles laissées par les troupes soviétiques et les insurgés-- a tué 363 civils en 2012, et 240 entre janvier et juin en 2013, a ajouté M. Rashid.

«Si le problème n'est pas réglé, il est fort probable que le nombre de victimes augmente, parce que beaucoup de gens cherchent à récupérer ces munitions non explosées pour en vendre le métal», a-t-il expliqué. «Il y a un problème, le travail (de nettoyage) n'est pas fait correctement», selon lui.

En vertu de la Convention sur certaines armes classiques de 1980 dont ils sont pour la plupart signataires, les pays membres de la force de l'OTAN ont pourtant l'obligation de retirer ce type de munitions des lieux qu'ils quittent.

«Nous sommes au courant d'informations faisant état de la présence de munitions non explosées sur les champs de tir ou sur les sites d'anciennes bases», a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'Isaf, le Lieutenant-colonel Will Griffin, assurant que la force disposait de «procédures» pour neutraliser ce genre de munitions.

Insuffisant pour M. Rashid, qui appelle l'Isaf à «s'intéresser davantage à ce problème». «Ils dépensent des sommes considérables dans ce pays. Pourquoi ne prêtent-ils pas plus attention à cette question?», a-t-il demandé.

«Il y a des centaines de sites militaires et un grand nombre vont être fermés, confiés aux forces locales ou abandonnés. Le nombre des victimes va augmenter», a-t-il prévenu, alors que la majorité des troupes de l'Isaf doivent quitter le pays d'ici la fin 2014.