L'Irak a libéré plus de 300 prisonniers depuis la semaine dernière et un ministre a présenté lundi ses excuses pour leur détention injustifiée, en réponse à une demande clé des manifestants sunnites mobilisés depuis plusieurs semaines contre le premier ministre chiite.

Le ministère de la Justice a libéré 178 détenus lundi, a affirmé à l'AFP le porte-parole du ministère Haidar al-Saadi, ce qui porte à 335 le nombre de prisonniers libérés depuis la semaine dernière.

Parmi les prisonniers relâchés se trouvait un certain nombre de personnes âgées, selon un journaliste de l'AFP présent lors de leur libération. Les autorités n'ont toutefois fourni aucun détail sur les peines purgées, ni sur les accusations portées contre les détenus.

«Je présente mes excuses au nom de l'État irakien à quiconque a été arrêté et détenu tout ce temps. Il est apparu plus tard que vous étiez innocents», a déclaré le vice-premier ministre, Hussein Chahristani, lors d'une conférence de presse annonçant la libération des prisonniers.

«Cela n'est pas seulement arrivé en Irak, c'est arrivé dans plusieurs pays. Je demande à toutes les forces de sécurité irakiennes de ne pas arrêter (des gens, NDLR) dans la précipitation, mais de plutôt se concentrer sur les vrais criminels qui ont commis des crimes contre les Irakiens», a-t-il ajouté.

À sa sortie de prison, Mehdi Saleh, 42 ans, a qualifié le geste du gouvernement de «pas dans la bonne direction». Il a raconté avoir été transféré de prison en prison depuis son arrestation en 2009 à Fallouja, une ville à majorité sunnite à l'ouest de Bagdad, sans n'avoir jamais été inculpé.

«Nous étions vraiment impatients de recouvrer la liberté», a ajouté M. Saleh.

Des quatre ex-détenus et proches d'ex-détenus interrogés par l'AFP, tous étaient originaires de régions dominées par les sunnites.

La libération de prisonniers est une revendication phare de la minorité sunnite irakienne qui organise des rassemblements depuis trois semaines. Elle réclame aussi l'abrogation des lois antiterroristes, utilisées selon elle par le gouvernement, dominé par les chiites, pour détenir à tort des membres de leur communauté.

Le mouvement de contestation a démarré après l'arrestation le 20 décembre de neuf gardes du ministre des Finances Rifaa al-Issawi, un sunnite. M. Issawi est membre du bloc laïc Iraqiya, une formation soutenue par la communauté sunnite qui fait partie du gouvernement, mais qui est très critique envers le premier ministre Nouri al-Maliki.

M. Maliki a alterné les menaces et les concessions pour essayer de mettre fin à ce mouvement de contestation, qui se traduit notamment par le blocage de l'autoroute reliant Bagdad à la Syrie et à la Jordanie, dans la province d'Anbar.

Cette crise intervient à trois mois d'importantes élections provinciales, qui constitueront un test pour M. Maliki et ses opposants, avant des élections nationales l'année prochaine.