Au moins dix-sept personnes ont été tuées et plus de 70 autres blessées par l'explosion lundi d'un véhicule bourré d'explosif à un arrêt d'autobus dans une ville des zones tribales pakistanaises, considérées comme un sanctuaire des talibans et de groupes liés à al-Qaïda.

La bombe a explosé près d'un marché local de la petite ville de Jamrud dans le district tribal de Khyber, au nord-ouest, à proximité d'un arrêt d'autobus où de nombreuses personnes attendaient leur car, ont indiqué des responsables.

Des flaques de sang, des lambeaux de chair, des souliers d'enfants, des livres d'écoliers, des burqas déchirées et une vingtaine de véhicules calcinés tapissaient le sol sur la scène de l'explosion, selon un journaliste de l'AFP sur place. Un édifice gouvernemental situé à une centaine de mètres de là n'a toutefois pas été endommagé, selon ce journaliste.

Selon le docteur Sameen Jan Shinwari de l'hôpital local Khyber, 17 personnes ont été tuées par cette explosion, incluant des femmes et des enfants. Trois des victimes sont mortes sur les lieux et quatorze après leur arrivée à l'hôpital.

«Quatre femmes font partie des victimes et elles sont toutes afghanes», a-t-il dit, précisant que le véhicule dans lequel circulaient ces femmes avait été complètement détruit par l'explosion. «Une petite fille de cinq ans qui voyageait avec elles a aussi été tuée», a souligné le Dr Shinwari.

«J'étais assis dans ma voiture lorsque tout à coup il y a eu une forte explosion suivie d'une boule de feu. Je me suis précipité sur les lieux et j'ai vu des gens s'enflammer. Il y avait aussi des morceaux de corps humains partout», a témoigné à l'AFP Taj Muhammad, un chauffeur âgé de 40 ans.

«J'ai aussi vu un petit garçon blessé qui criait. Il a été transporté à l'hôpital», a-t-il ajouté. Les autorités médicales ont mentionné le décès de deux jeunes garçons.

Les responsables locaux avaient fait état plus tôt dans la journée de seize morts dans cet attentat qui n'a pas été revendiqué dans l'immédiat. «Nous tentons de savoir si le véhicule a simplement explosé ou s'il avait une cible», a déclaré à l'AFP Mutahir Zeb, premier fonctionnaire du district tribal de Khyber.

Selon deux responsables de la sécurité, des explosifs avaient été placés dans une Suzuki Alto, une petite voiture très prisée au Pakistan.

Les zones tribales du nord-ouest pakistanais, adossées à l'Afghanistan, sont considérées comme un sanctuaire pour les insurgés talibans et des groupes liés à al-Qaïda. Elles sont aussi le théâtre de nombreux attentats et de tirs de drones américains.

Cette explosion intervient après un week-end meurtrier à Peshawar, grande ville du nord-ouest pakistanais située à la porte des zones tribales et de l'Afghanistan.

Le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP, mouvement des talibans du Pakistan) avait revendiqué un attentat complexe samedi soir à l'aéroport de Peshawar qui abrite aussi une base des forces aériennes. Les insurgés avaient tiré des roquettes sur l'aéroport, puis des kamikazes et une voiture piégée ont explosé.

Les forces de sécurité et cinq insurgés ayant trouvé refuge dans un édifice en construction à proximité de l'aéroport ont échangé des tirs nourris dimanche en matinée. Les cinq insurgés ont péri de même qu'un policier, selon les autorités.

Le TTP est un groupe fondé en 2007 qui multiplie les attentats contre les forces de l'ordre pakistanaises, contrairement aux talibans afghans qui visent les forces de l'OTAN et leurs alliés en Afghanistan.