Israël a examiné dans la nuit de lundi à mardi sans annoncer de décision sur une proposition égyptienne de trêve avec le Hamas, selon les médias, quelques heures avant une mission de paix du chef de l'ONU à Jérusalem et après six jours de bombardements israéliens sur Gaza qui ont fait plus de 100 morts palestiniens.



De son côté, l'ambassadrice américaine auprès de l'ONU, Susan Rice, a annoncé lundi soir que les États-Unis ne donneront pas leur aval à un texte du Conseil de sécurité des Nations unies qui sape, selon eux, les efforts entrepris pour atteindre un cessez-le-feu à Gaza.

Le forum des neufs principaux ministres du gouvernement Netanyahu s'est longuement réuni pour étudier l'option d'une trêve ou celle d'une offensive terrestre à Gaza et n'a annoncé aucune décision, selon la radio publique.

D'après la radio, Israël souhaite qu'une trêve de 24 à 48 heures soit observée afin que les parties puissent élaborer un cessez-le-feu durable.

De même source, Israël pourrait, dans ce cadre, envisager d'alléger son blocus de la bande de Gaza.

Selon une chaine de télévision israélienne, M. Nétanyahou serait enclin à approuver le document et un arrêt des hostilités serait en vue dans les 24 heures.

Les médias israéliens ont d'autre part relevé que les tirs de roquettes contre Israël à partir de la bande de Gaza avaient pratiquement cessé durant environ deux heures et demie avant la réunion du cabinet restreint.

En soirée lundi, deux tirs de roquettes, qui n'ont pas fait de blessé, ont cependant été signalés contre la région d'Eshkol (sud).

Au moins cinq autres roquettes sont ensuite tombées dans le secteur de Beesheva, et les sirènes d'alerte ont retenti dans plusieurs localités du sud d'Israël.

A ce propos, le président israélien Shimon Peres a accusé l'Iran d'encourager les Palestiniens à poursuivre leurs tirs de roquettes plutôt qu'à négocier un cessez-le-feu.

Les Iraniens «essaient encore d'encourager le Hamas à continuer les tirs, les bombardements, ils essaient de leur envoyer des armes», accuse M. Peres dans un entretien à la télévision CNN.

Au Caire, où il se trouve pour des discussions avec les autorités égyptiennes engagées dans des efforts de médiation, le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, a évoqué la possibilité d'une trêve avec Israël, tout en insistant sur une levée du blocus de l'enclave.

«Nous ne sommes pas contre un apaisement, mais nous tenons à nos demandes, la fin de la brutalité, la fin de l'agression et la levée du blocus», a dit M. Mechaal.

«Enfants terrifiés»

Lundi, les raids aériens israéliens ont fait 32 morts, portant à 109 le nombre de tués palestiniens depuis le début de l'offensive mercredi contre Gaza, selon des sources médicales.

Il n'y a guère d'endroit sûr dans la bande de Gaza: aucune parcelle de ce territoire exigu où s'entassent 1,6 million de Palestiniens n'est à l'abri d'une frappe.

«Mes enfants sont terrifiés. Mon fils de six ans Mohamed refuse de manger et me suit partout. Toutes les 10 minutes, il me demande quand est-ce qu'on va mourir?», raconte une mère de 37 ans, Oum Jihad. Elle a quitté Gaza, pilonnée par l'aviation israélienne, pour s'installer chez des proches à Khan Younès, dans le sud du territoire, moins soumis aux raids.

Un cadre militaire du Jihad islamique, Ramez Harb, a été tué dans une frappe sur un centre de médias au coeur de la ville de Gaza, selon des sources au sein du mouvement radical.

En Cisjordanie, un Palestinien blessé samedi dans des affrontements avec l'armée lors d'une manifestation de solidarité avec Gaza, est mort lundi de ses blessures. Un autre a été tué par des soldats à Hébron, après une journée de heurts entre l'armée et des manifestants palestiniens, selon des sources palestiniennes.

Il s'agit des premiers morts en Cisjordanie depuis le déclenchement de l'offensive contre la bande de Gaza.

A Ramallah, les dirigeants des mouvements Fatah, Hamas et Jihad islamique en Cisjordanie ont promis de mettre «fin à la division» interne, en signe de solidarité avec les Palestiniens de Gaza.

Ballet diplomatique

Face à la menace d'une escalade majeure --Israël agite depuis plusieurs jours la menace d'une intervention terrestre--, les tractations et visites diplomatiques battent leur plein.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, arrivé lundi soir au Caire, se rendra ensuite en Israël et dans les territoires palestiniens, où il doit être reçu par le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas.

Le ministre allemand des Affaire étrangères Guido Westerwelle s'entretiendra également avec ces deux dirigeants mardi.

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, doit de son côté se rendre mardi à Gaza à la tête d'une délégation ministérielle comprenant notamment les ministres égyptien et turc des Affaires étrangères.

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont appelé lundi à la cessation «immédiate» des hostilités en Israël et dans la bande de Gaza, en affirmant qu'un cessez-le-feu serait «dans l'intérêt de tous».

La Russie a accusé les États-Unis de chercher à «faire obstruction» à un communiqué du Conseil de sécurité des Nations unies sur Gaza.

Le président américain Barack Obama a appelé M. Nétanyahou et le président égyptien Mohamed Morsi, insistant à nouveau sur la nécessaire «désescalade» à Gaza.

L'opération «Pilier de défense» a pour objectif de neutraliser les groupes armés palestiniens.

Experts et commentateurs israéliens soulignent que l'aviation étant en passe d'avoir touché tous ses objectifs, se pose la question de la suite: trêve ou offensive terrestre.

Photo: AP

Un garçon compte parmi les membres d'une famille qui a été décimée par un bombardement israélien au courant de la nuit.