Les Israéliens en parlent avec un mélange de fierté et de fascination. Le «dôme d'acier» est le véritable héros de cette nouvelle guerre contre Gaza.

Ce système antimissile parvient à intercepter en plein vol plus de la moitié des roquettes palestiniennes, dont celles tirées en direction de Tel-Aviv. Mis au point par la société Raphaël, un des fleurons de l'industrie militaire israélienne, le système détecte les projectiles dès leur lancement, établit leur trajectoire et déclenche automatiquement le lancement d'un antimissile.

«C'est un spectacle magnifique, ces missiles qui explosent en plein ciel», se réjouit Boris, habitant de Tel-Aviv témoin d'une de ces interceptions.

Le dôme d'acier joue probablement un rôle important dans la détermination du gouvernement à intensifier l'offensive. Puisque la population est relativement protégée des attaques palestiniennes, le gouvernement jouit d'une popularité sans précédent et peut mener les opérations à sa guise.

«Qu'ils arrêtent de lancer des roquettes et nous commencerons à parler», a lancé le premier ministre Benyamin Nétanyahou à l'issue d'une réunion du Conseil des ministres, hier matin.

En effet, pour nombre d'Israéliens, la trêve n'est pas une fin en soi. À un cessez-le-feu précaire, beaucoup préfèrent en découdre. Les médias et les réseaux sociaux regorgent d'encouragements aux soldats de Tsahal et même d'appels à une intervention terrestre immédiate. «Rentrez-leur dedans», résume le blogueur David Berebi.

«J'ai peur, car mes enfants sont à l'armée, mais je suis pour qu'on aille jusqu'au bout», confie Maguy Barlavi, résidante d'Ashkelon, l'une des villes du sud du pays les plus exposées aux tirs de roquettes. «Ce matin, j'ai voulu aller au travail, mais j'ai dû faire demi-tour, car la sirène ne cessait de retentir. Cela devient insupportable.»

«Un ennemi redoutable»

De fait, tout le sud d'Israël a subi une pluie de roquettes pendant la journée d'hier. Mais aucune de ces attaques n'a fait de victime. On ne déplore qu'un seul blessé léger.

«Cette série de miracles ne doit pas nous faire oublier que nous avons affaire à un ennemi redoutable», prévient un porte-parole de l'armée.

Renforcé par le soutien sans réserve des États-Unis, Israël a toutefois pris l'ascendant dans ce conflit et ne semble pas pressé de mettre fin aux hostilités. Le premier ministre a tout de même consenti à envoyer un émissaire au Caire pour discuter d'une éventuelle trêve. L'État hébreu n'a pas intérêt à se mettre son voisin à dos et s'efforce donc d'encourager les efforts de médiation égyptiens. Les deux pays n'ont pas des intérêts aussi divergents qu'on pourrait le croire. L'Égypte lutte contre les groupes djihadistes qui gangrènent le Sinaï et continue de contrôler sa frontière avec Gaza. Quant à Israël, nul ne peut jurer qu'il veut se débarrasser à tout prix du Hamas.

«Le gouvernement actuel n'a pas réellement l'intention de renverser le régime du Hamas, il espère simplement que le fait de causer davantage de dommages au Hamas freinera pour longtemps sa volonté de se lancer dans une nouvelle confrontation avec Israël», analysent Avi Issaharoff et Amos Harel, deux fins connaisseurs de la stratégie militaire israélienne, dans le quotidien Haaretz.