Un adolescent kamikaze a tué au moins six personnes, surtout des enfants, à proximité du QG de l'OTAN en plein coeur de Kaboul, un attentat qui illustre à nouveau l'impossibilité pour les Afghans de sécuriser leur pays à deux ans du départ des forces étrangères.

Les talibans, qui ont revendiqué immédiatement l'attaque, ont assuré avoir visé «la CIA» en représailles à la décision des États unis, vendredi, de placer le réseau Haqqani, une faction des talibans liée à Al-Qaïda, sur leur liste noire des groupes terroristes.

Au moins cinq autres personnes ont été blessées, a indiqué à l'AFP Sediq Sediqqi, le porte-parole du ministère de l'Intérieur.

«La plupart des victimes sont des enfants qui se rassemblent autour de l'Isaf pour vendre des objets aux soldats arrivant ou quittant la base», a raconté un responsable policier, sous couvert d'anonymat, ajoutant que la charge était portée par «un jeune enfant».

«Un garçon de 16 ans, à pied, s'est fait exploser», a déclaré le général général Ayub Salangi, chef de la police de Kaboul, donnant de son côté un bilan de quatre morts et deux blessés.

L'attentat s'est produit dans la Zone Verte, le quartier dans lequel sont situées la plupart des ambassades, peu après la fin d'un discours du premier vice-président Mohammad Qasim Fahim devant des centaines de dignitaires sur la mort du commandant Ahmed Shah Massoud, héros de la lutte contre les talibans, tué il y a 11 ans par Al-Qaïda.

Cette attaque, la troisième dans la capitale cette année, démontre la difficulté, voire l'impossibilité de sécuriser complètement Kaboul pour les forces afghanes, formées à la hâte par les troupes de la coalition depuis leur arrivée fin 2001.

De nombreux rebelles sont toutefois régulièrement arrêtés dans la capitale avant qu'ils ne passent à l'acte, ce qui constitue un indice de la bonne qualité des services de renseignement afghans, selon une source occidentale.

L'attentat s'est produit près du QG de l'Isaf - la force armée de l'OTAN - et de l'ambassade d'Italie. Quelques minutes plus tard, la Zone verte, entourée de hauts murs en béton et que surveillent 24h/24 des policiers afghans ou des gardes privés en arme, a été fermée au public, a constaté l'AFP.

Les talibans, via leur porte-parole Zabiullah Mudjahid, ont revendiqué l'attaque, affirmant toutefois qu'il a été commis par un homme de 26 ans et non un adolescent.

Le martyre visait «un cellule de torture de la CIA à Kaboul», dont «six agents ont été tués», a assuré M. Mudjahid, toujours prompt à exagérer les pertes infligées à l'ennemi.

À l'inverse, des témoins à l'hôpital d'urgence de Kaboul ont affirmé que les victimes étaient surtout des enfants ou des jeunes hommes.

«Les talibans, qui tuent des gens tous les jours, sont des animaux», a estimé Hamid, 23 ans, venu voir son frère Naweed, un vendeur de chewing-gums et de bonbons de 15 ans blessé dans l'explosion.

Un porte-parole de l'Isaf a assuré qu'aucun membre de la force internationale n'a été touché.

Le réseau Haqqani, loyal au chef suprême des talibans, le mollah Omar, est le groupe d'insurgés le plus actif et la bête noire des forces internationales. Les États-Unis l'accusent d'avoir perpétré plusieurs attaques d'envergure en Afghanistan, dont la dernière contre un hôtel en proche banlieue de Kaboul le 22 juin, qui avait fait 18 morts.

Vendredi, la secrétaire d'État Hillary Clinton a annoncé le classement du réseau Haqqani comme un groupe «terroriste», ce qui a pour effet «l'interdiction de tout soutien matériel ou financier (...) et le gel de tous les biens et intérêts de l'organisation aux États-Unis».

Malgré la présence d'encore 117 000 soldats étrangers, qui soutiennent plus de 340 000 soldats et policiers afghans, les talibans, dont les attentats suicide et les mines artisanales constituent le principal mode opératoire, n'ont toujours pas été défaits.

Bien qu'ayant subi des pertes lourdes, ils semblent au contraire contrôler toujours plus de territoires et attaquent de plus en plus souvent à Kaboul.

Les civils sont les principales victimes du conflit afghan. D'après l'ONU, 1 145 civils ont péri lors du premier semestre 2012, dont 80 % tués par les talibans.