La mort d'un jeune Palestinien de la bande de Gaza qui s'est immolé par le feu parce qu'il n'arrivait pas à trouver du travail a profondément ébranlé les résidants de ce petit territoire palestinien, et montre l'ampleur du désespoir qui afflige les jeunes Palestiniens.

L'immolation d'Ihab Abu Nada, âgé de 21 ans, est la première à survenir dans la bande de Gaza, après une série d'actes désespérés du même genre dans les pays arabes après l'immolation d'un jeune Tunisien en décembre 2010. Ce drame est considéré comme l'étincelle du Printemps arabe de 2011, qui a provoqué des soulèvements populaires ayant mené au renversement des régimes autoritaires autoritaires en Tunisie, en Égypte et en Libye.

La bande de Gaza, un territoire surpeuplé coincé entre l'Égypte et Israël, n'a jamais été riche. Le taux de chômage y est habituellement de plus de 20 pour cent. Depuis que le Hamas a pris le contrôle du territoire en 2007, l'État hébreu a imposé un blocus sur le territoire, qui n'a cessé de s'appauvrir.

Environ la moitié des jeunes de la bande de Gaza sont au chômage, et l'absence d'espoir est palpable. De nombreux jeunes hommes du territoire consomment de puissants médicaments antidouleur pour oublier leurs conditions de vie difficiles.

Le père d'Ihab Abu Nada, Sufian, âgé de 54 ans, a expliqué que sa famille luttait pour survivre avec son salaire de fonctionnaire d'environ 220 $ US par mois. Samedi soir, M. Abu Nada a demandé à son fils d'aller trouver du travail.

«Il a dit à sa mère: "dit à mon père que je pars chercher du travail"», a raconté le père en pleurs sur une radio palestinienne lundi. «J'ai le coeur brisé.»

Peu après, le jeune homme s'est immolé par le feu près de la morgue de l'hôpital Shifa de la ville de Gaza. Il a succombé à ses blessures dimanche après-midi.

Dans l'entrevue, M. Abu Nada affirme que son fils était «comme tous les autres jeunes de Gaza».

La nouvelle de l'immolation du jeune homme s'est répandue comme une traînée de poudre dans la bande de Gaza. Des résidants se sont envoyé par courriel un enregistrement de la voix de M. Abu Nada qui pleure à la radio.

«Quand un jeune homme s'immole à cause de la souffrance et de la pauvreté (...) cela signifie que nous avons des bombes à retardement qui doivent être désamorcées», a estimé Rami Saleh, un étudiant en droit âgé de 23 ans.

La famille Abu Nada vit dans un bidonville bondé de Gaza. Sur les quatre enfants de la famille, deux travaillent à temps partiel comme préposés à l'entretien. Le père a déclaré à l'agence de presse palestinienne Maan que son fils vendait parfois des sacs de croustilles dans la rue, mais qu'il se faisait souvent harceler par la police du Hamas.

Après avoir payé le loyer et l'électricité, le père affirme qu'il ne lui reste que 50 $ US pour la nourriture de tout le mois. Il a raconté sa honte quand il se rend au marché, incertain de ce qu'il aura les moyens d'acheter pour nourrir sa famille.

La plupart des résidants de la bande de Gaza dépendent de l'aide des Nations unies pour survivre, mais leur pauvreté s'est aggravée à cause de l'isolement international du territoire et du blocus imposé par Israël.

Même si le gouvernement israélien a relâché le blocus en 2010 sous la pression internationale, les importations et les exportations sont toujours soumises à des restrictions, nuisant au secteur privé et à la création d'emplois dans le territoire.

Sufian Abu Nada a attribué les difficultés de sa famille aux conflits entre les factions palestiniennes. Il affirme avoir demandé de l'aide au Hamas et à l'Autorité palestinienne, qui dirige la Cisjordanie, mais n'a pas eu de réponse.

«Mon fils s'est immolé pour exprimer ses opinions», a-t-il dit. «Pour protester contre la pression à laquelle nous sommes soumis.»